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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0088 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 88 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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78   L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

par sa cavalerie bactrienne, décidément plus fameuse pour l'excellence de ses chevaux que pour les exploits de leurs cavaliers, c'est seulement avec des Scythes que l'indomptable Spitaménès peut continuer sa lutte obstinée contre Alexandre. A la vérité, les historiens classiques, qui n'ont imaginé les Bactriens qu'à,travers les récits de ces campagnes, ont tendance à les confondre avec leurs belliqueux voisins et à conserver des illusions sur leur valeur guerrière : l'aventureux Tchanghien, qui les a vus de ses yeux, ne nous cache pas que leur couardise en faisait une proie facile à la merci de n'importe quel conquérant. Mais tandis qu'on nous apprend expressément qu'ils avaient perdu leur esprit martial, personne ne nous rapporte qu'en revanche ils eussent fait de grands progrès dans les arts de la paix. Au total tous nos renseignements impliquent que la population de cette sorte de marche-frontière n'a jamais été autre chose qu'un mélange, en état d'incessant brassage, de gens de villages et de gens des tentes. Je suis prêt; si vous le voulez, à pousser la politesse jusqu'à gratifier l'élément nomade de l'épithète de « semi-barbare »; mais ensuite, je vous en fais juge, pouvons-nous en conscience accorder à l'élément sédentaire, pris dans son ensemble, beaucoup plus qu'une demi-civilisation ?

De toutes manières un point me semble acquis : c'est que la satrapie de Bactriane n'a jamais été rien de plus qu'une colonie perse en attendant de devenir, mais de façon beaucoup plus superficielle, une colonie hellénique. A quel moment les rudiments de culture qui durent y être introduits de bonne heure auront-ils réussi à atteindre leur plus haut point de développement ? Plus j'y pense et plus clairement il m'apparaît que ce ne put être que pendant la période achéménide et grecque, entre 55o et i5o avant J.-C. Heureusement pour les Bactriens et pour nous, cela fait quatre bons siècles pendant lesquels. ladigue qui les protégeait contre la barbarie résista solidement à tous les assauts. Construite par Cyrus et renforcée par Alexandre sur la ligne de l'Yaxarte, mais bientôt ramenée sur celle de l'Oxus, il était fatal qu'elle finît un jour par céder sous la poussée du fameux « réservoir d'hommes » de l'Asie Centrale. Rien n'est plus tragique, à ce point de vue, que la situation des satrapes grecs de Bactriane. Ils se savent aux avant-postes de la civilisation, toujours près d'être•submergés par une sorte de raz-de-marée, et cela ne les empêche nullement de passer leur temps à s'entr'égorger. Parfois, cependant, l'imminence du danger leur donne des éclairs de raison. Que je voudrais pouvoir relire avec vous dans Polybe les paroles criantes de vérité qu'il prête, je crois, à Euthydème de Magnésie et dont l'évidente justesse réussit à apaiser les rancunes d'Antiochos III Megas. Pour convaincre son ex-suzerain que l'affaiblissement de la Bactriane porterait un coup mortel à l'hellénisme en Orient, il n'eut qu'à lui montrer de la main, vers le Nord, derrière les collines prochaines, la multitude des Nomades toute prête à fondre sur le pays et à le « barbariser ». Le Séleucide comprit, et les Çakas ne passèrent que soixante-quinze ans plus tard, eux-mêmes bousculés par des hordes encore plus farouches et qui ne tardèrent pas à apparaître sur leurs talons. C'est là de l'histoire autenthique et d'ailleurs bien connue de tout le monde : pourquoi faut-il qu'à la répéter j'éprouve un petit sursaut ? Eh quoi, la période classique, telle que les Européens l'entendent, a donc été close en Bactriane par les invasions de Barbares plus d'un siècle avant notre ère ? Clôture en vérité prématurée et du plus inquiétant effet sur nos futures recherches ! Avions-nous tous ce fait capital suffisamment présent à la mémoire, et ne convient-il pas ici de le tirer de l'ombre où il restait discrètement relégué ?

Entendons-nous bien d'ailleurs : cela ne veut heureusement pas dire que la Bactriane n'ait plus existé du jour où Justin la raye de ses papiers et qu'elle cesse d'être dominée par des maîtres perses ou hellènes. Laissons cette façon d'envisager les choses à de plus fervents « classicistes ». Que Bactres ait été mis à sac par les nomades dans le premier feu de l'invasion, c'est