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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0082 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 82 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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72   L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

point de vue que nous avons choisi, les cent petits tertres partout dispersés s'effacent, et sur le sol nivelé, comme du bord d'un aéroplane, nous n'apercevons plus que les grandes ombres portées par l'Arg, le Bâlâ-Hisâr, le Teppeh-Zargarân et les tertres du centre de la ville. Il ne reste qu'à faire un choix entre ces quatre sites principaux, ou plutôt (car il n'en est aucun qui ne mérite d'avoir son tour) qu'à déterminer leur ordre d'urgence.

Les tertres du centre ne nous retiendront pas pour l'instant. Sans doute, nous l'avons vu, ils marquent les quartiers les plus longuement habités depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, et sont théoriquement les plus riches en reliques du passé : pratiquement, ils ont le grave inconvénient d'être non seulement recouverts d'une épaisse couche de substructions modernes, mais encore encombrés de mosquées, d'habitations, de tombes et, dans tous les creux, de cultures. Au surplus rien ne prouve que — justement parce qu'ils ont continué à faire partie de la ville musulmane — les vestiges du passé n'y aient pas été détruits, brûlés, dispersés, usés encore plus complètement qu'ailleurs.

A ce point de vue le Teppeh-Zargarân [pl. IX-X e], que nous avons dès l'abord rencontré à la lisière orientale de la vieille cité, se présente dans des conditions beaucoup plus avantageuses. Il doit avoir été abandonné depuis le xuIe siècle au moins, sinon depuis la première invasion musulmane au vue siècle; il n'a été envahi par aucun cimetière, sauf à son extrémité Sud, ni par aucune zydrat, sauf celle du Khalîf-é-Pîr à son coin Nord-Ouest ; enfin les nombreuses trouvailles de bijoux âuxquelles il doit son nom de « Tertre des Orfèvres » le recommandent de façon particulière à votre bienveillante attention. Que n'ai-je un peu d'imagination ! Il n'en coûterait pas plus cher de vous le donner à vue de nez pour le site du fameux temple d'Anaïtis, l'Artémis scythique, et de décréter que son relief fortement ondulé recouvre les vastes dépendances du sanctuaire le mieux achalandé de la Bactriane. Malheureusement nous ne possédons aucune indication quelconque en faveur de cette identification. Tout ce qu'il est possible d'affirmer sous bénéfice d'inventaire, c'est que, situé au bord d'une des branches les mieux nourries du delta de canaux où s'épanouit (et s'évanouit) la rivière de Balkh, ce très ancien quartier a toujours eu de l'importance. J'incline même à croire qu'il existait déjà, à titre de faubourg, au temps où la cité était contenue dans le Fort et qu'il fut embrassé tout vif dans le tracé de l'ancienne enceinte, où sa pointe Nord-Est continue à faire assez fortement saillie. Au milieu de toutes ses qualités, je ne lui vois que deux défauts : le premier est de présenter plusieurs de ces coupes décourageantes ci-dessus décrites, où l'alternance des couches de terre et de cendres ne promet rien de fructueux au fouilleur ; le second (mais sommes-nous bienvenus à nous en plaindre) c'est qu'il ne mesure pas moins de 450 mètres de long sur 30o et plus de large. Voilà déjà un nombre appréciable de mètres cubes de décombres à remuer !

Que vous dirai-je à présent du Bâlâ-Hisâr ? De forme vaguement ovale, flanqué de quatre bastions (sans compter l'Arg) et percé de quatre brèches, il n'a pas moins de 3.300 mètres de tour. Vous voyez qu'on pouvait y abriter d'emblée une petite ville, et plus tard y trouver largement de la place pour les palais, les casernes et les bureaux d'une grande capitale. Aujourd'hui son enceinte ne contient littéralement plus rien, sauf au Sud deux platanes rabougris, voisins d'un grand bassin à sec, et, à côté de son bastion Ouest, la zyârat de Pahlavân Ahmed-é-Zamchi. Par ailleurs, sa surface n'est qu'un désert de briques écroulées, dont les monceaux s'accumulent particulièrement dans la partie centrale. Là s'élèvent également les débris informes d'une fondation ancienne dont les briques crues rivalisent pour la taille avec celles des stûpa bouddhiques et 'des plus vieux murs de la ville, mais que l'ceil même de son architecte ne reconnaîtrait plus. En somme, si vous négligez systématiquement toute la périphérie, il reste au moins cinq bons