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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0066 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 66 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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56   L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

Ajoutez que rien n'est plus déconcertant, sur la place même, que le contraste entre l'ampleur des amoncellements de ruines et la mesquinerie des matériaux dont ces immenses tertres semblent composés [cf. fig. ro]. Et ainsi vous comprendrez que, pareil à un voyageur hésitant devant un mirage qui se dissipe, ne sachant plus au juste où la vérité commence et où finit l'illusion, j'en vienne à douter du témoignage de mes yeux et à me repentir de mes appréciations, aussitôt

Fig. Io. — SILHOUETTE DE LA CITADELLE ET DU FORT DE BALKH.

qu'écrites. Il faut pourtant — puisqu'aussi bien vous m'avez envoyé ici pour cela — que je fasse mon métier de prospecteur et dresse à votre intention une sorte d'inventaire et d'évaluation du site; prenez en attendant les présentes notes pour ce qu'elles sont, à savoir le résumé hâtif et provisoire, mais tristement sincère, de mes premières impressions.

[RÉFLEXIONS RÉTROSPECTIVES]. — Que n'attendait-on pas en effet de Balkh, et que n'était-on pas en droit d'en attendre ? Théâtre de l'heureuse prédication de Zoroastre et tombeau du prophète de l'Irân, si même il ne fut pas son berceau; capitale d'une des plus riches provinces de l'empire achéménide, puis d'un royaume grec florissant; plus tard, sous les maîtres barbares qui lui étaient venus des confins de la Chine, méritant par le nombre et l'éclat de ses fondations bouddhiques d'être appelé un second Râjgir, du nom de la ville sainte du Magadha; ramené au bercail iranien par la dynastie sassanide; après la conquête arabe de la Perse, fournissant aux califes Abassides de Bagdâd les plus fameux de leurs vizirs; enfin, bien que détruit par Chengiz-Khân au début du xIIIe siècle, redevenu au temps des successeurs de Tîmûr-Lang l'une des quatre grandes cités du Khorâsân, ne pouvait-on pas espérer que Bactres nous gardât des vestiges importants de chacune de ces grandes périodes de son histoire ? Que ceux-ci fussent disposés côte à côte pour notre plus grande commodité, ou proprement étagés les uns au-dessus des autres, le moins qu'on pût retrouver c'était des mosquées et des collèges musulmans; des couvents et des stûpa bouddhiques; des sanctuaires mazdéens, manichéens, voire nestoriens; enfin des temples, des palais, des tombeaux de style hellénique ou perse, mais assurément de grand style : car dans cette métropole à la fois agricole et commerciale, centre d'un territoire remarquablement fertile et intermédiaire obligé des échanges entre l'Asie antérieure, la Chine et l'Inde, le fumier de l'or n'aura pu manquer à l'épanouissement de la fleur de l'art. Et quel art savoureux ce riche terroir n'avait-il pas dû produire, ne fût-ce qu'à cause du mélange des influences grecques, indiennes et même chinoises que le hasard des invasions et le cours régulier du trafic international avaient inévitablement greffées sur le vieux tronc iranien. Le joli travail à.faire pour les archéologues, après l'exhumation méthodique des monuments, que l'analyse et le dosage de ces divers apports, et de quelle utilité ne seraient pas pour l'histoire ces révélations d'une civilisation encore inédite ? ...

C'est à peu près ainsi, pour autant que je me rappelle, que, plus ou moins inconsciemment, nous raisonnions tous. Que d'ailleurs l'on aboutît par cette voie purement théorique à une conception par trop simpliste et complaisante des choses, c'est ce dont aucun spécialiste ne songeait à disconvenir. Si les ruines de Balkh avaient été un abrégé manifeste de toutes les architec-