国立情報学研究所 - ディジタル・シルクロード・プロジェクト
『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

> > > >
カラー New!IIIFカラー高解像度 白黒高解像度 PDF   日本語 English
0104 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 104 ページ(カラー画像)

New!引用情報

doi: 10.20676/00000237
引用形式選択: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR読み取り結果

 

94

L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

aux autres indices qui nous donnent à penser que la Bactriane n'a jamais disposé d'une main-d'oeuvre artistique très abondante ni très habile ? Même si cette dernière conception de la cause n'est pas juste pour l'époque de la construction du stûpa, je puis vous certifier qu'elle l'était en tout cas devenue pour celle de sa réfection. Je vous ai signalé tout à l'heure [p. 86] que nous avions retrouvé un fragment du plus moderne des deux tambours cylindriques encore revêtu de son mortier [pl. XIX d] : celui-ci était resté de bonne qualité, mais que dire de la façon dont il était manié ? Il ne se peut rien imaginer de plus grossier que le traitement de ses essais de moulures. Et c'est pourquoi j'en viens à penser qu'en fin de compte cette prétendue restauration faite sans aucun sens artistique, est la principale responsable de la disparition quasi totale de la décoration du stûpa primitif.

[HISTORIQUE DU MONUMENT]. - Telles sont les premières constatations de fait que nous avons pu relever au cours de notre prospection du Tôp-é-Rustam. Par ailleurs, aucun document n'est venu jeter de lueurs supplémentaires sur les origines et les destinées du monument. Aucune espèce d'inscription n'a daigné se montrer. Quelques piécettes de cuivre, extrêmement corrodées, sont bien sorties des fouilles et nous avons pu reconnaître, après un long nettoyage, qu'elles appartenaient aux inévitables dynasties kushâne, sassanide, timouride, et, enfin afghane ; mais, trouvées pêle-mêle dans des éboulis déjà remaniés, aucune ne correspondait à un stratum défini et ainsi elles ne nous ont rien appris de topique. Pourtant, il n'est pas impossible de vous esquisser déjà, de façon assez sûre, l'historique de notre stûpa depuis le He siècle de notre ère jusqu'à nos j ours.

A l'origine, il nous faut imaginer l'édifice aux lignes classiques — je parle au point de vue de l'art gréco-bouddhique du Gandhâra — que je vous ai dès l'abord décrit, partiellement construit en briques cuites, avec ses plinthes, ses pilastres et ses entablements [fig.25]. Du moins, est-ce là le premier état auquel nous puissions remonter. Si un tôp encore plus ancien avait été emboîté sous cette enveloppe, la ligne de démarcation des deux édifices serait restée marquée à l'intérieur; or nous n'avons rien aperçu de tel, pas plus dans les galeries souterraines du soubassement que dans celles du premier étage. On aurait donc construit d'emblée un monument de premier ordre, tant par l'importance de ses dimensions que par l'emploi, encore intelligemment compris, des ordonnances antiques. Cette coûteuse et artistique entreprise se rapporte ainsi d'elle-même à l'époque relativement ancienne qui fut celle de la grande prospérité commerciale de Bactres, à partir du règne de Kanishka. L'attribuer à la dévotion bouddhique bien connue de ce dernier., nous n'oserions le faire, et pour cause : si l'attribution avait pu être admise, il y a longtemps qu'elle aurait été faite, et Hivan-tsang l'eût pieusement consignée dans sa relation. Quant à faire descendre la fondation plus tard que l'an 200 de notre ère, ce n'est pas seulement son style qui s'y oppose : nous tomberions presque aussitôt dans une période moins favorable à l'éclosion d'un grand sanctuaire bouddhique, je veux dire à celle de la re-conquête persane de la Bactriane par le premier Sassanide (vers 228 ap. J.-C.). Tout compte fait, je m'en fierais volontiers pour la date de l'érection de notre stûpa à celle de la plus ancienne monnaie qui ait été recentrée dans ses déblais, à savoir celle de Vasudêva (152-176 ap. J.-C. ?) ou d'un de ses successeurs immédiats.

Quand ce premier édifice a-t-il été ruiné ? Car il est clair qu'il le fut, et de façon violente : l'état de dilapidation où l'ont trouvé et laissé ses soi-disant restaurateurs ne saurait s'expliquer uniquement par l'incurie congénitale des gens de Bactriane. Ferons-nous reproche de cette destruction violente au fanatisme mazdéen des Sassanides ? Mais celui-ci avait ses limites; et puis