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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0074 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 74 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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64   L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

c'est l'avenir de nos fouilles compromis, et cela d'autant plus sûrement que les alternances d'humidité et de chaleur rendent ce climat presque aussi destructeur que celui de l'Inde. Mais je ne veux pas davantage insister sur un pronostic qui est heureusement encore aussi conditionnel qu'il est grave. Un coup droit, peut-être plus inattendu pour nos amis de Paris que pour nous (car c'était justement ce que nous avions appris à redouter), a été dès l'abord porté à nos légitimes espoirs — ou du moins à des espoirs que nous croyions abondamment légitimés par tant de souvenirs historiques. Cela est tout à fait choquant. Puisque nous autres, Européens, faisions à Bactres l'honneur de lui garder une place dans tous nos manuels, sinon dans toutes nos mémoires, le moins que nous pussions attendre est qu'il se fût mis en quelques frais pour nous. Gardons néanmoins bonne contenance ; et, au lieu de nous abandonner à un découragement au moins prématuré, reprenons, si vous le voulez bien, notre prospection au point où nous l'avons laissée.

Ce vous sera un premier soulagement de savoir que le cas de Balkh n'est heureusement pas aussi désespéré que le supposait Alexander Burnes, quand il écrivait que les seuls vestiges apparents datent de l'époque musulmane. Quelques-uns des tumuli qui se dressent aux abords de la ville se sont laissé reconnaître pour d'anciens stûpa bouddhiques. Cette constatation ajuste une nouvelle corde à notre arc ou, si vous préférez ainsi parler, à notre lyre; mais, pour l'instant je n'en vois toujours à celle-ci que trois : l'islamique, la bouddhique et l'antique; encore les deux premières sont-elles jusqu'ici les seules qui rendent un son clairement discernable. En simple style d'inventaire, nous ne pouvons classer d'emblée les ruines de Balkh qu'en trois catégories, d'importance fort inégale. Dans la première, nous rangerons provisoirement les tertres de toute taille, au contenu resté mystérieux, qui couvrent la plus grande partie du terrain. Dans la seconde, nous ne comptons actuellement que quatre ou cinq monuments bouddhiques d'époque relativement tardive, égrénés autour de la cité. Dans la troisième prennent place de nombreux restes d'édifices modernes et, par suite, musulmans. Je voudrais vous dire et même vous montrer rapidement comment ces trois ordres de vestiges se présentent au visiteur venu tout exprès pour les photographier et, éventuellement, pour les fouiller.

[LES RUINES MUSULMANES]. - On aurait pu s'attendre à ce que toutes les ruines musulmanes fussent, par définition, antérieures au sac de Balkh par Chengiz-Khân, et par suite au début du xIIIe siècle de notre ère, ce qui leur eût aussitôt conféré un intérêt exceptionnel. Mais c'est encore là une de ces vues de l'esprit auxquelles les faits infligent un immédiat démenti. Sans doute, il n'est nullement déraisonnable .de supposer que le sol recèle des débris contemporains du vieux Ghaznî, voire remontant jusqu'aux temps heureux de la dynastie des Samanides — laquelle (ainsi que tout le monde sait, puisque je viens moi-même de l'apprendre) fut fondée au xe siècle par un noble persan originaire de Bactres. Mais la plus ancienne des ruines visibles à la surface ne semble pas antérieure au xve siècle, c'est-à-dire à l'époque de la nouvelle prospérité du Khorâsân sous les successeurs de Tîmûr-Lang. Ne vous étonnez pas qu'il s'en trouve de date encore plus basse : nous ne devons pas oublier que Balkh traîna pendant trois siècles une agonie des plus mouvementées, disputé qu'il était entre les Séfévis persans, les Shaibânis Uzbegs et les Moghols de l'Inde, en attendant Nâdir-Shâh, puis les Afghans. Tous ces monuments sont uniformément construits en briques cuites, de forme carrée et plate, mesurant de 25 à 3o centimètres de côté sur 4 à 5 centimètres d'épaisseur. C'est à l'aide de ces briques qu'ont été refaites toutes les masures et clôtures du Balkh actuel, et elles dénoncent aussitôt la période moderne.

La plus riche collection de ruines musulmanes se trouve, comme je vous l'ai déjà dit,