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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0043 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 43 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LA DESCENTE DU PLATEAU IRANIEN   33

des ponts le Kâbul-rûd, puis le Logar, automobiles, tongas, chars à boeufs ou bêtes de somme cheminent de compagnie sur le plat jusqu'à la première étape, celle de But-Khâk, et elles marcheront à nouveau de conserve après Jegdalik ; mais dans l'intervalle il leur faudra bon gré mal gré avoir traversé les montagnes qui forment la bordure orientale du bassin de Kâbul et dont les sommets montent à 3.000 ou 3.500 mètres. On nous excusera de devoir insister sur le fait que tout à l'heure la route de Kâpiçî au Lampaka ne rencontrera pas d'obstacle de cette taille, pour la bonne raison qu'elle l'aura tourné par le Nord. A nous il ne reste d'autre alternative que de l'aborder de face ou de le tourner par le Sud.

Le premier parti est celui qu'adopte le sentier qui continue droit à l'Est et franchit le kotal du Lataband (2.370 m.). Jusqu'à ces derniers temps ce col avait gardé à son sommet un assez curieux monument de la justice afghane. C'était un grand mât au haut duquel était suspendue par une chaîne une cage de fer ronde, analogue à celles où nous logeons les perroquets, et contenant le cadavre momifié par le vent et le soleil du chef d'une bande de brigands qui infestait naguère la passe (6). Après l'avoir capturé à grand-peine, 'Abd-ur-Rahmân l'avait condamné à mourir de faim dans cette cage qui resterait plantée pour l'exemple au-dessus du théâtre de ses exploits : en quoi l'Émîr ne faisait que rechercher — et, à ce qu'on assure, il l'obtint — l'effet de salutaire terreur que visaient également nos bons ancêtres quand ils laissaient les corps des suppliciés se balancer au gibet de Montfaucon. Assurément la mort par pendaison était plus douce, parce que plus prompte, que celle par inanition : en revanche le cadavre du brigand, protégé par les lamelles de fer de la cage, n'était pas, comme dit Villon, « plus becqueté d'oiseaux que dé à coudre ». Inutile d'ajouter que le nouvel Afghânistân a jeté un voile pudique sur ces procédés d'un autre âge; et comme ce singulier trophée a disparu, aucune curiosité, malsaine ou. non, ne nous attire sur la route ardue du Lataband.

Reste l'autre parti que nous avons dit, lequel est de décrire un grand détour vers le Sud, et c'est celui qu'a pris la route carrossable. Il ne s'agit de rien moins que de contourner un sommet de 3.500 mètres d'altitude : mais justement à But-Khâk un fort ruisseau se trouve à point pour nous faire remonter jusqu'à Khord-Kâbul (Petit-Kâbul), où un barrage a été établi pour capter son eau. Là on tourne à angle droit vers l'Est pour franchir, sur un terrain terriblement érodé, mais par une pente assez douce, la passe terreuse de Haft, plus communément appelée Khâk-éJâbar (2.200 m.) et retomber sur le torrent de Têzîn. Un audacieux raccourci continue tout droit, par la passe de Karkacha, rejoindre au-dessous de Jegdalik la grand-route (7). Mais celle-ci préfère sagement tourner de nouveau à angle droit et redescendre vers le Nord le torrent de Têzîn jusqu'à Seh-Bâbâ, où elle se renoue au sentier du Lataband, et reprend avec lui la direction de l'Est franc. Mais ce n'est pas pour longtemps. Derechef, elle refuse de s'engager dans les ravins du versant nord des nouvelles Montagnes-Noires qui séparent le Kâbul-rûd de son affluent, la Rivière Rouge (Surkh-rûd) (8), et s'infléchit vers le Sud-Est pour décrire un angle de plus, celui-ci très ouvert. Elle s'insinue ainsi à travers les défilés schisteux et, dit-on, riches en rubis de la passe de Jegdalik (1.935 m.) — ceux-là même où acheva de se consommer en 1843 le désastre de la retraite anglaise. C'est seulement après ces ascensions, ces descentes et nombre d'impressionnants virages qu'elle aborde des pentes un peu moins sauvages et abruptes où poussent quelques chênes nains, franchit la Rivière-Rouge sur la hardie et solide arche moghole du Pont-Rouge (Surkhpul) et émerge enfin de la zone montagneuse à Gandamak. Ne cherchez pas d'autre raison au choix que les Anglais firent de ce petit village pour y signer, le 26 mai 1879, le traité vite rompu qui mettait fin à la première campagne de l'expédition de 1878-80. A partir de Gandamak la route reprend la direction du Nord-Est, parallèle d'assez loin au Surkh-rûd. Elle laisse sur sa gauche

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