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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0081 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 81 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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L'INVENTAIRE

yI

des prix extravagants, bien supérieurs à ceux qui sont marqués sur les catalogues de nos marchands de médailles. On a prétendu m'extorquer des 4 et 50o roupies pour des tétradrachmes archiconnus d'Eukratidès ou d'Hélioklès dont la netteté était loin d'être parfaite : je ne suis pas si fou. Outre les monnaies, il est de notoriété publique que l'on trouve également, bien qu'en petit nombre, des cylindres perses, des cachets dans le goût grec, et des gemmes gravées : mais on voit peu de ces objets, qui sont aussitôt acheminés vers la Russie ou les Indes. Enfin, on pourrait escompter encore, à défaut d'autres matières, quelques menues antiquités de métal, telles que des ustensiles, des lampes ou des vases, voire, en mettant les choses au mieux, quelque vaisselle du genre de ce fameux « trésor de l'Oxus » qui, par le détour du bâzâr de Rawal-Pindî, a trouvé la route du British Museum. Après chaque grosse pluie les gens se mettent en quête de ce qu'elle aura pu remettre au jour; mais voilà tout ce à quoi ils s'attendent; et, pour l'instant, je n'en sais naturellement pas plus long qu'eux.

Maintenant qu'à votre tour vous en savez aussi long que moi, permettez que je consulte votre sagesse. Qu'en pensez-vous ? Même si nous ne nous heurtions pas à l'impossibilité matérielle de passer au crible tant de myriades de mètres cubes de terre, pourrions-nous vraiment nous lancer dans une entreprise aussi dispendieuse pour n'arriver qu'à constituer une sorte de fond de boutique d'antiquaire, dont presque aucun objet ne nous apprendrait rien de nouveau ? Vos prétentions, je le crains, doivent viser plus haut. Par delà les édifices islamiques de style persan et les stûpa bouddhiques de modèle indien, ce qu'il vous faudrait à Paris n'est rien moins que d'antiques productions d'un art original et inédit, bref la révélation d'une civilisation proprement bactrienne. Nous sera-t-il jamais donné de rien découvrir de pareil ? Là est la grande inconnue; et vraiment rien n'encourage à nourrir d'aussi mirifiques espoirs. Mais enfin si quelque chose de ce genre a jamais existé et subsiste encore quelque part, il ne paraît pas impossible de deviner à peu près en quels parages cela doit être. Je dis bien : « deviner »; car il est clair qu'il ne faut pas compter sur les gens du pays pour nous aider dans nos recherches. Tout le monde ici chasse aux trésors cachés, et qui serait assez sot pour nous indiquer une piste chaude ? Il ne nous reste qu'à discuter ensemble quels sont les endroits où il y a le plus de chances de trouver ce qui nous intéresse, après quoi il ne dépendra plus que de nous d'y aller voir.

[SÉLECTION DES SITES]. - Nous partons de ce principe que ce qu'il nous faut avant tout, ce sont des palais et des temples : car même si l'archéologue n'est ni courtisan ni dévot de naissance, il le devient par métier. L'expérience universelle le prouve : ce n'est que pour ses dieux ou ses rois que l'homme à jamais pris la peine de bâtir des édifices vraiment durables et de les décorer au mieux de ses moyens. Que des temples et des palais aient existé dans le vieux Bactres, cela ne fait pas de doute : il y a eu ici des satrapes perses avant les dynastes grecs et des mages mazdéens avant les moines bouddhiques. Où résidaient les uns et les autres, nous ne savons au juste; et nous ne saurions prétendre que la ville basse n'ait jamais contenu de quartiers richement ou pieusement habités, à proximité des bâzârs et de toutes les commodités de la vie. H ne serait pas moins excessif de soutenir qu'obéissants ou rebelles, les gouverneurs des Achéménides et des Séleucides n'aient jamais osé demeurer ailleurs que dans les étroites limites de la Citadelle : il leur suffisait fort bien d'y tenir prêt un suprême asile en cas d'alerte, et il devait davantage leur convenir de posséder au milieu de leur siège militaire et administratif, c'est-à-dire dans le Fort actuel, les vastes résidences encadrées de jardins que le goût oriental réclame. Le champ de nos recherches ne devient donc pas du premier coup aussi restreint qu'on l'eût pu souhaiter; tout de même, il se rétrécit de façon sensible. Examinés de toute la hauteur du