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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0033 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 33 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES PASSES DE I.'HINDÛKUSH   23

doyante et que contournent deux torrents; mais à qui ne s'était qu'à grand-peine évadé des plaines étouffantes de Bactriane, la délicieuse fraîcheur de cet air sans poussière apportait aussitôt un regain de vie. Aussi n'est-ce pas sans quelque émotion que nous avons lu depuis dans Marco Polo les lignes suivantes : « L'air est si pur et la résidence si saine que, quand les hommes qui demeurent en bas dans les villes et les vallées et les plaines se trouvent attaqués par n'importe quelle espèce de fièvre ou d'autre maladie qui peut advenir, ils ne perdent pas de temps pour aller dans les montagnes; et après y avoir demeuré deux ou trois jours, ils recouvrent complètement leur santé, grâce à l'excellence de cet air. Et Messer Marco dit qu'il l'a éprouvé par expérience : car dans cette région il avait été malade pour environ un an ; mais aussitôt qu'il reçut l'avis de visiter cette montagne, il le fit et se rétablit aussitôt (8)... » Qu'à ceux dont le bruit de la mort avait déjà couru à Kâbul il soit permis de joindre leur reconnaissant hommage à celui que le vieux voyageur vénitien a jadis rendu aux Oréades salutaires !

Après Dôshakh, la route s'enfonçait encore plus avant dans les replis de la chaîne jusqu'au petit lac vert d'où sort le ruisseau de Khinjân, au pied d'un premier kotal auquel les ingénieurs italiens de l'Émir n'avaient pas encore osé s'attaquer. Jamais — pas même sur la vieille route entre Bushire et Shîrâz — nous n'en avons rencontré qui cachât un pareil escarpement sous de tels éboulis de rocailles et dont les abords fussent un tel cimetière de bêtes de somme à tous les degrés de la décomposition. Ce n'est évidemment pas l'endroit que nous aurions choisi pour déjeuner : il fallut s'y résigner cependant en attendant qu'une théorie de chameaux venant en sens inverse et dont la moyenne horaire, de 3 à 4 kilomètres, était tombée au-dessous de l'unité, laissât enfin le passage libre. Pourtant ce premier col ne menait qu'à une dépression commandée par un nouveau kotal, d'ailleurs plus facile d'accès. Au sommet un vent terrible nous accueillit et ne nous quitta plus. De là-haut la descente est d'abord abrupte, puis interminable; car il s'agit de passer d'une altitude de plus de 3.800 mètres au niveau beaucoup plus modéré (seize à dix-sept cents mètres) du Kôhistân de Kâbul. Enfin, après l'étape d'LTlang (pl. III f) on retrouve les vergers de mûriers et les pittoresques villages afghans, surmontés de leurs tours de guet, excroissances pierreuses de leurs pierreuses collines ; mais ici la poussière règne en maîtresse et le charme de l'Andar-âb est évanoui. Nous avons quitté l'Arcadie. En revanche nous rejoignons à Jebel-Serâj la vieille route de l'Inde par Bâmyân.

Que le lecteur veuille bien excuser — une fois n'est pas coutume — les quelques souvenirs personnels mêlés à cet exposé et qui lui auront sans doute paru d'un intérêt assez mince : ils ne lui sont pas dédiés, mais à ses arrière-neveux. En 1925, notre véridique relation en témoigne, la route du Salang compensait à peine par de longues facilités de courts passages très difficiles, et ne conduisait encore qu'à l'un des derniers asiles où se soit réfugié le vieux Pan, ce qui n'est guère une recommandation au siècle où nous sommes. Mais attendez. Il n'en reste pas moins que sur les deux versants le tracé choisi s'insinue insidieusement et en pente assez douce jusqu'au coeur de la montagne (pl. III d) ; et si ensuite une crête en lame de couteau se dresse entre les deux tronçons de route (pl. III e), avouez qu'autant ces conditions sont déplorables pour une ascension en surface, autant elles sont favorables pour la percée d'un tunnel. Les ingénieurs parlaient d'un écart d'une lieue à peine, c'est-à-dire d'une longueur trois fois moindre qu'au Mont-Cenis. Ajouterons-nous, si l'idée d'un tunnel en Afghânistân vous fait sourire, que la force hydraulique est là sur place et que le Salang la fournit déjà à l'usine électrique de Jebel-Serâj ? N'oubliez pas enfin la puissance des intérêts en jeu de chaque côté de la chaîne. Le jour où leur mutuelle opposition ne se fera plus équilibre, nous ne donnerons pas bien cher de la barrière, si formidable en apparence, qui les sépare jusqu'à présent. Chacun sait bien que les chemins de