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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0080 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 80 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

le tertium quid qui nous serait encore nécessaire pour compléter la triade : temple, stûpa et couvent. Que faire ? Prendre patience en attendant trouvaille ? Il le faut bien. Mais comment n'en pas venir à se demander si Bactres n'est pas l'un de ces sites où le destin adresse les archéologues quand il veut qu'ils enragent ?

[LES VESTIGES ANTIQUES]. - Car nos tribulations ne font que de commencer. Jusqu'ici nous savions au moins en gros à quels édifices et à quelle époque nous avions affaire : quelle désignation, quelle épithète, quelle date appliquer à tous les autres tumuli, c'est-à-dire en somme aux neuf dixièmes de la surface qui demanderait à être explorée, ne serait-ce que parce qu'encore libre de cultures, de maisons et de cimetières, elle reste susceptible de l'être ? — Bien habile qui répondra. Que tous ces tertres, dont plusieurs sont énormes, soient composés de terre rapportée, cela ne fait pas de doute ; mais ce n'est toujours que de la terre; et devant ce genre de détritus l'archéologue, je le crains, perd tous ses moyens comme tous ses droits. Le moindre objet travaillé, la moindre pierre taillée, le moindre modelé d'argile rendu durable par son passage au four a une sorte d'individualité, parle un langage intelligible, se laisse assigner une époque : la terre se résorbe dans la terre et n'est plus qu'une masse anonyme et amorphe qui échappe par définition à l'histoire pour ne nous entretenir que de périodes géologiques. Ce n'est plus de l'ancien ni du moderne, du musulman ni du bouddhique, de l'indien ni du perse : c'est du loess immémorial, tellement antérieur à l'homme que les quelques traces de moisissure que tant de générations y ont laissées ne comptent pas pour lui. Même la note pathétique qu'y mêlent à chaque instant les lits de cendres, témoins des anciens incendies, si elle augmente nos regrets, ne nous renseigne pas davantage sur les formes d'un passé à jamais disparu.

Telles sont les mélancoliques réflexions que je roule dans mon esprit tandis que je contemple d'un œil stupide les innombrables tumuli dont la faveur de S. M. l'Emîr et celle de notre Gouvernement m'ont si bénévolement octroyé la prospection... Car, pour innombrables, ils le sont : il n'est presque aucun verger qui ne contienne encore quelque dernier monticule, demeuré inaccessible à l'irrigation et par suite réfractaire à la culture; et seul le démon de la curiosité scientifique sait par-dessus combien de clôtures j'ai dû risquer un œil indiscret. Partout où un travail ou un accident quelconque — glissement de terrain, éboulis, ouverture d'une tranchée pour une route ou un canal, exploitation rudimentaire du salpêtre dont ce vieux sol est imprégné, etc. a pratiqué des fouilles avant la lettre et mis à nu une coupe de terrain, naturellement j'y cours ; et chaque fois je suis confronté par le même spectacle : en haut des substructions modernes en briques, et au-dessous de la terre, encore et toujours de la terre, seulement mêlée de tessons de poteries et d'ossements humains, et constamment striée de couches alternantes de cendres, si bien qu'on devrait pouvoir compter d'après celles-ci les destructions périodiques de la ville, de même que l'on juge l'âge d'un arbre au nombre des cercles de son aubier. Qu'avons-nous chance de tirer de ce magma argileux où se sont peu à peu fondus et où, à présent, se confondent tous les stades de civilisation ? L'expérience séculaire des habitants est là pour nous l'apprendre. On y trouve d'abord et surtout des monnaies, quantité de monnaies anciennes. Celles qui datent de la longue domination des Kushâns sont même assez nombreuses pour que ces piécettes de cuivre, comptées comme autant de païsah (il y a 6o païsas dans une roupie), aient encore cours dans le bâzâr. Outre les Kanishka, vous pourrez également vous procurer des « Sôtèr Mégas » à la douzaine; mais il va de soi qu'une aussi longue circulation n'a pas été favorable à la conservation de ces pièces, pour la plupart oblitérées. Les monnaies grecques et sassanides sont beaucoup plus rares, surtout celles d'argent, et leurs possesseurs, grisés de leur trouvaille, en demandent