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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0035 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 35 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES PASSES DE L'HINDÛKUSH   25

ses affluents de droite, qui arrose le Darrah-Yûsuf. Après le village de Sar-Lllang (à qui la carte anglaise, au lieu de le désigner par son nom, donne son titre de « préfecture », Qaleh-Sarkârî), diverge à gauche une traverse fort dure et sauvage, suivie le 7 novembre 1924 par M. J. Hackin, et qui par Chahâr-Cheshmeh rejoint la rivière de Khulm à Rûî. Mais la vieille route, continuant dans la direction du Sud-Ouest, s'élève par ondulations successives jusqu'au haut du Qarâ-kotal (2.84o m.)... Quand le jeudi 29 novembre 1923, venant de Kâbul, nous avons franchi le «Col Noir », nous savions arriver au faîte de la dernière chaîne transversale et espérions de là-haut saluer à l'horizon — avec la même ferveur que les Dix-Mille, la mer — la plaine de Bactriane. On devine notre déception. Du sommet nous n'apercevions encore et toujours vers le Nord qu'un stérile moutonnement de cimes. L'ascension nous avait simplement conduits dans un creux où, à l'angle d'un embranchement, près d'une source, avait.été construit un abri pour les courriers de la poste; et, comme la bifurcation n'était pas marquée sur la carte anglaise, c'est seulement le soir, après une laborieuse descente dans le talweg du Khulm, qu'au robât de Doâb-é-Shâh nous apprîmes que nous avions laissé sur la gauche la vieille route de Balkh.

Du sommet du Qarâ-kotal au plateau du Kapiça, l'itinéraire, fréquemment parcouru et décrit, ne comporte aucune variante; mais il faut bien se dire que le plus dur reste à faire — à savoir trois bonds successifs par-dessus les cols de Dandân-Shikan, d'Âq-robât et du Shîbar — avant de sortir enfin des sinueux replis des montagnes. Comme les gens du pays nous en avaient avertis et comme nous avons pu le vérifier, les plus mauvais pas à franchir sont le versant Sud du Qarâ-kotal et le versant Nord du Dandân-Shikan; en d'autres termes, le principal obstacle est la faille aussi profonde qu'étroite, orientée Ouest-Est, entaillée par la rivière de Kamard dans des formations calcaires qu'on dirait figées en pleine ébullition et qui, disséquées par l'érosion, laissent apercevoir les arcs fantastiques décrits par leurs strates. Encore descend-on du Qarâkotal sur des pentes recouvertes de rocailles ; mais au bas du « Col Noir », les gorges de Madar vont buter tout droit (pl. IV b) contre la muraille, construite par assises superposées et lisses, du Dandân-Shikan. Tandis que, vers l'Est, se détache la piste conduisant au Surkh-âb et par lui à l'Andar-âb et au Kunduz, la route de Bâmyân longe vers l'Ouest, au milieu des rizières et des vergers subitement retrouvés dans ces bas-fonds abrités, cette rébarbative falaise dont le sommet remonte brusquement à 2.700 mètres. C'est seulement après plus de deux heures de marche qu'elle se décide à en aborder l'ascension dans la direction du Sud. Du temps où elle grimpait directement cette immense dalle glissante, usée par les pieds des passants et, par endroits, taillée en escalier, la passe, devait bien mériter son sobriquet persan de « Brise-dents » (pl. IV d). Quand nous y avons passé, les lacets de la nouvelle route muletière lui avaient fait beaucoup perdre de sa raideur et, par suite, de ses dangers.

Les deux cols du Qarâ-kotal et du Dandân-Shikan une fois franchis, nous n'avons encore « négocié », comme on dit en anglais, que la première des trois chaînes transversales. La ligne médiane de faîte, l'Hindûkush proprement dit, se dresse à présent devant nous. Mais ce n'est d'abord qu'un jeu de traverser la large vallée de Saighân à travers l'ordinaire alternance des gorges rocheuses et des collines marneuses, toutes fripées par l'érosion et qui mêlent au rose de

la pierre les tons ocres ou bleus de l'argile. Dans ce terrain, pareil au carton froissé et multicolore d'une gigantesque carte en relief, on retrouve celui que traversent également les hautes vallées

de l'Hérî-rûd et de l'Hêlmand. Evoquant par ses teintes comme par ses bizarres découpures les paysages du Colorado, il ferait le bonheur d'un aquarelliste. C'est merveille que les bons paysans de l'Hazârajât s'en accommodent, et aussi les marmottes, ainsi qu'un bizarre petit rongeur, d'humeur peu farouche, qui ferait très bien un rat s'il avait une queue ou un lapereau s'il avait de

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