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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0085 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 85 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LE PRONOSTIC

75

d'après la traduction de Wilson : « La cité de Bactres, dit Heeren (que ses mânes nous pardonnent si l'autorité, jadis considérable, de ce nom ne nous impressionne plus, ni vous ni moi), doit être regardée comme l'entrepôt commercial de l'Asie orientale; son nom appartient à un peuple qui ne cesse jamais de faire l'objet de détails historiques depuis le temps où il est pour la première fois mentionné. Non seulement Bactres apparaît constamment comme une cité riche et importante à chaque période de l'empire perse, mais son nom revient continuellement dans les traditions de l'Orient, mêlé aux récits relatifs à Sémiramis et autres conquérants. Il était situé aux frontières du pays de l'or, « sur la route de l'affluence des nations », selon une expression du Zend-Avesta; .et la conjecture que c'est dans cette partie du monde que la race humaine a fait ses premiers pas sur la voie de la civilisation paraît dès lors hautement probable... » Ceci est du délire caractérisé ; dans son intoxication livresque, le bon érudit, détrônant au profit de Bactres l'Égypte comme la Chaldée, dépasse les contes les plus fabuleux qui aient jamais eu cours en Orient sur la « Mère-des-Cités ». Pourtant, ne l'oublions pas, son début était des plus raisonnables. Quelle leçon de choses n'est-ce pas pour nous que de voir le ton monter peu à peu, et, de surenchère en surenchère, les hypothèses chavirer finalement dans l'extravagance ! Car, permettez-moi de vous le demander, n'éprouvions-nous pas tous plus ou moins quelque tendance à raisonner de la même manière et à conclure de la richesse et de l'importance certaines que l'agriculture et le commerce assuraient jadis à ce pays, qu'il avait dû engendrer, sinon, comme le voulait Heeren, la première des civilisations, du moins une civilisation aussi originale que brillante ? Quel droit avons-nous de penser ainsi, et jusqu'à quel point les renseignements géographiques et historiques dont nous disposons nous permettent-ils d'aller dans cette voie ? C'est ce que je voudrais examiner avec vous. Rassurez-vous, cela sera vite fait : n'ayant pas la moindre encyclopédie sous la main, je ne pourrai être pédant que de la façon la plus sommaire.

[LES DONNÉES GÉOGRAPHIQUES]. - Certes, il sera bon qu'un jour l'un de mes successeurs, mieux installé et mieux ' équipé que moi — et, je pense, déjà vacciné contre la folie des grandeurs par les recherches antérieures — occupe ses loisirs à relire sur place l'histoire de Bactres : car il n'est rien de tel pour ramener les événements à leur véritable échelle que de les replacer ainsi sur leur théâtre. Simple prospecteur et, qui pis est, envoyé ici sans préparation spéciale, je ne puis que vous servir quelques suggestions improvisées au gré de mes observations et de mes souvenirs. Le seul mérite éventuel de ces notes, c'est qu'elles jaillissent d'un contact direct avec les hommes et les choses; et je reste intimement persuadé que quiconque débouche des gorges de l'Hindûkush éprouvera les mêmes impressions que nous. Combien ce pays est visiblement orienté vers les steppes du Nord, et comme nous avons décidément tourné le dos à l'Inde ! Voilà le premier cri du cœur. Ce n'est pas en vain qu'un énorme massif montagneux sépare les plaines de l'Indus de celles de l'Oxus : il y a vraiment un monde entre elles. On comprend que par comparaison, aux gens descendus du Nord, Kâbul ait déjà pu paraître une ville indienne. Pour nous qui arrivions du Sud, Mazâr-é-Sharîf nous a rappelé surtout Meshhed. Mais, je puis vous l'assurer catégoriquement, nous ne nous sentons pas davantage en pleine Perse, malgré la langue dominante, ni encore moins en Chine, malgré le nombre de faciès mongols que nous rencontrons. Où nous avez-vous donc envoyés ? Le premier atlas venu répondra que c'est dans la partie afghane du Turkestân; et apparemment toutes les analogies inclinent du côté des deux autres sections de cette même contrée, vers Bokhâra et vers Kashgar. Là-dessus vous m'excuserez de me montrer si peu affirmatif, faute d'expérience personnelle; mais j'imagine que ceux de nos amis qui y sont allés vous lâcheraient aussitôt le. mot : « Nous sommes déjà en Asie Centrale. » Comment