国立情報学研究所 - ディジタル・シルクロード・プロジェクト
『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

> > > >
カラー New!IIIFカラー高解像度 白黒高解像度 PDF   日本語 English
0051 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 51 ページ(カラー画像)

New!引用情報

doi: 10.20676/00000237
引用形式選択: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR読み取り結果

 

L'ANTICHAMBRE DE L'INDE

41

par définition, ceux qui existent encore aujourd'hui. Dès que les Mohmands le permettront, les premières étapes de sa randonnée se laisseront repérer ainsi que les dernières viennent de l'être, dès que les Svâtîs l'ont permis, par Sir Aurel Stein (5) : souhaitons seulement que le futur explorateur de Nysa ait hérité de l'habileté sans rivale du découvreur de l'Aornos. Mais même si nous nous en tenons à la grand-route, son tracé n'est pas simple et nous devons, selon les époques, en distinguer trois états : le premier, celui des lieutenants et des successeurs d'Alexandre, se préoccupait avant tout d'atteindre Pushkarâvatî; le second, au temps des pèlerins chinois, passait par Purushapura, mais traversait aussi l'Indus à Udabhânda; le troisième enfin et le plus moderne se dirige directement sur Attock. La rapidité de leur description compensera la lenteur des controverses préliminaires.

a) Viâ Pushkarâvatî. — Si l'on pouvait s'en fier à la carte, nous devrions passer le plus confortablement du monde, le long d'une rivière assagie et dans une grasse vallée, des 625 mètres

de Jelâlâbâd aux 43o mètres de Dakka. Malheureusement il en est des atlas comme des diction-

naires : à défaut d'une expérience directe de la langue et du pays, ils trompent autant qu'ils renseignent. En fait les 6o kilomètres entre Jelâlâbâd et Dakka peuvent compter parmi les plus

sablonneux et rocailleux qu'on trouve en aucun lieu du monde. Du côté du Nord (sauf au débouché

du Kunâr, le Choès d'Arrien et le Choas de Ptolémée), les montagnes habitées par les Mohmands poussent leurs contreforts rocheux et nus à pic sur la rive gauche de la rivière. Du côté du Sud,

les Montagnes-Blanches, repaire des Shinvarîs, allongent parfois jusqu'en travers de la route

leurs longues pentes arides, terminées par d'abruptes falaises de conglomérat. C'est tout juste si de petites oasis clairsemées offrent de place en place un site où loger un caravansérai. Le spectacle

est déconcertant pour les visiteurs montant de l'Inde. Par bonne chance, en Asie, les voitures

automobiles ont su, selon l'expression consacrée, se mettre courageusement à la rude école de l'adversité. Elles qu'en Europe rien ne saurait satisfaire qu'un tapis de billard, elles ont appris

là-bas à se contenter d'un semblant de route. Évidemment ces durs parcours leur font des exis-

tences brèves ; mais leurs barbares chauffeurs n'ont cure de leurs grincements. Quant aux passagers, les cahots auront ceci de bon pour eux qu'ils les réchaufferont en hiver; mais qu'Allâh les

préserve de rôtir au soleil de juillet, sur les galets brûlants du chemin, dans la réverbération des parois rocheuses. C'est vraiment une ironie du sort qui veut que ces quinze lieues de rocailles soient la seule étape constante qu'ont toujours suivie, et que devront toujours suivre tous les itinéraires imaginés ou imaginables entre le moyen Oxus et le moyen Indus.

Après Dakka, tandis que la rivière décrit un grand circuit vers le Nord à la recherche d'un passage à travers la montagne, la route ancienne de Pushkarâvatî, moins asservie aux lois

de la pesanteur, continue tout droit vers l'Est. Elle gravit un premier kotal, redescend dans la

cuvette d'un petit bassin alpestre où nichent les villages de Varsâk et d'Isagai, retrouve la rivière redescendant du Nord après sa boucle, l'enjambe, escalade un nouveau kotal de 1.iio mètres et, par Haidar-Khân et Shâhmansur-Khel, s'en vient passer sous les canons du fort de Michnî (36o m.).

Ce dernier détail, soit dit entre nous, est même la meilleure garantie que nous puissions donner de son existence; car les quelques lignes qui précèdent ont été écrites uniquement d'après la carte anglaise; et il serait prématuré d'y aller voir : la rançon à payer serait par trop coûteuse (6). Mais cette lacune dans le témoignage oculaire que nous nous flattons d'apporter pour tout le reste

n'est pas bien grave : à vol d'oiseau c'est à peine si dix lieues séparent Dakka de Michnî. Seul le vagabondage sans frein des rivières indiennes dès qu'elles se sentent en plaine pourrait encore

nous créer un dernier embarras. Par bonne chance, en déviant vers le Sud-Est, le Kôphên a laissé un témoin de son ancien lit. Nous n'avons plus qu'à suivre la rive gauche de ce chenal, le plus

6