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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0050 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 50 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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40   GEOGRAPHIE DE LA ROUTE

gens de la frontière, encore qu'éclipsée par la bruyante publicité faite depuis cent ans à sa voisine. Si vous voulez vous en convaincre, lisez simplement la fin de l'article io du traité de Gandamak : « Le Gouvernement britannique gardera entre ses mains le contrôle des passes du Khyber et de Michni qui existent entre les districts de Peshâwar et de Jelâlâbâd... » Or c'est justement celle de Michni qui, comme nous allons voir, offre le chemin le plus direct entre Nagarahâra (Jelâlâbâd) et Pushkarâvatî (Chârsadda).

LA TRAVERSÉE DE L'INDUS. — La montagne une fois dépassée, la même discussion va inévitablement se répéter à propos du lieu de passage du fleuve : tout le monde ne sait-il pas que l'Indus se traverse à Attock ? Et ce n'est pas le premier venu qui l'affirme : c'est un esprit d'aussi grande envergure que James Darmesteter qui croit démêler dans le fracas du pont de fer actuel le « pas serré des légions d'Alexandre ! » Il est vrai qu'il ajoute, et c'est son excuse, qu'il était mal réveillé; et il en donne aussitôt une autre preuve en n'apercevant du formidable Indus qu'un filet d'eau « étroit comme la Seine au Pont-Marie (4) ». Il est très vrai que le grand fleuve coule en cet endroit au fond d'une cluse très resserrée; et comment les passagers du train-poste pourraient-ils deviner que jusqu'à une lieue en amont, entre sa sortie des montagnes et son entrée dans la gorge rocheuse d'Attock, il étale sur trois ou quatre kilomètres de largeur, dans un lit entrecoupé d'îles et de bancs de sable, ses eaux dix fois plus larges et d'autant moins profondes ? Au beau milieu de ce parcours d'une dizaine de lieues en plaine, sur la rive droite et « septentrionale », avait grandi et prospéré une ville commerçante à laquelle la Chronique royale du Kaçmîr donne le nom d'Udabhânda, Hivan-tsang celui d'Udaka-bhânda, Al-Miûnî celui de Wayhand, les gens de Peshâwar celui d'Ohind, les gens du crû celui d'Und, et qui, bien que déchue, s'enorgueillit encore de son surnom persan de Dar-é-Hind, la « Porte de l'Inde ». Là se trouvait le passage traditionnel, en bac pendant les grosses eaux d'été, à gué pendant les basses eaux d'hiver. C'est non loin de là qu'Alexandre a traversé l'Indus sur le pont de bateaux d'avance préparé par ses lieutenants. C'est précisément là que Hivan-tsang a fait de même, à l'aller en barque et, au retour, à dos d'éléphant ; là que, lors de sa première invasion de l'Inde, Bâbur a encore en février guéé le fleuve avec sa cavalerie et ses chameaux. C'est seulement au temps d'Akbar, c'est-à-dire à partir du xvie siècle, que les facilités offertes par l'étroite gorge d'Attock pour l'établissement d'un pont permanent ont définitivement détourné à 25 kilomètres en aval la route de l'Inde. Nous devons dire que devant cette accumulation de témoignages historiques le fort anglo-moghol a été contraint de baisser pavillon et qu'Und commence à reprendre dans les manuels la place qui lui est due.

On a quelque honte à opposer aux savants auteurs des théories courantes des arguments aussi dirimants, comme s'ils jaillissaient de terre sous l'effort de votre ingéniosité personnelle, alors qu'on doit seulement au hasard d'un voyage d'avoir lu sur la face des lieux une évidence qui s'offrait à tout venant. Mais on nous pardonnera d'autant plus aisément ces discussions préalables qu'en déblayant le terrain, elles aboutissent à tout simplifier. Grâce aux données relativement immuables de la topographie, il va devenir en effet facile de débrouiller le tracé des routes historiques qui s'entrecroisent, ainsi que rubans sur une quenouille, autour du cours inférieur de la rivière de Kâbul (cf. fig. 8 et 9).

LES TROIS ÉTATS DE LA GRAND-ROUTE. Comme il est convenu que pour l'instant nous nous attachons spécialement au relevé de la grand-route, nous ne parlerons pas ici de l'itinéraire personnel d'Alexandre et de sa colonne à travers les vallées du Kunâr, du Paiijkora et du Svât. Remarquons seulement que sur ce territoire montagneux les chemins qu'il a parcourus sont,