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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0039 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 39 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LA DESCENTE DU PLATEAU IRANIEN   29

pas moindre que sa richesse agricole. Ce n'est plus à nous qu'il est nécessaire d'apprendre que toutes les passes de l'Hindûkush central conduisent forcément, bien que de façon plus ou moins directe, à cet unique débouché. Cela revient à dire que le Kapiça commande absolument la grande voie commerciale entre l'Inde et la Haute Asie. Aussi lisez Hivan-tsang : « On y trouve des marchandises provenant de tout pays » — passage que Bâbur commente, bien qu'il l'ignore, quand il nous explique que ces marchandises viennent non seulement de l'Inde, mais « du Khorâsân, du Rûm, de l'Irâq et de la Chine (2) ». Une région aussi favorisée devait forcément enfanter une grosse ville commerçante, et, comme tout se tient, cette ville aura été promue au rang de capitale. Sur l'existence d'une telle cité tous les témoignages concordent : seulement ils varient avec le temps sur son site comme sur son nom (cf. infra p. 140 et fig. 34; pl. XXIX).

KAPIçî versus KABUL. — Depuis la grammaire sanskrite de Pânini jusqu'au pèlerin chinois Hivan-tsang inclus, en passant par Pline l'Ancien et les monnaies indo-grecques, c'est encore et toujours de Kâpiçî qu'il est question. Le centre politique et commercial aurait donc été anciennement situé, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, dans la cuvette du Nord, la plus vaste, la plus riche et la plus peuplée, juste au confluent du Ghorband et du Paiijshîr et tout près du débouché des passes. Mais à partir du vine siècle, tout change, et Al-bîrûnî est le dernier qui se souvienne encore du nom de Kapiça (3) : les géographes arabes, les historiens des Mongols, les voyageurs européens ne connaissent plus que Kâbul, c'est-à-dire l'agglomération principale de la cuvette méridionale. Complication de plus, quiconque y regarde d'un peu près s'aperçoit qu'il y a eu deux Kâbul, d'ailleurs fort voisins : l'un, le bouddhique, situé sur le Logar, et l'autre, le musulman, sur le Kâbul-rûd, tous deux un peu en amont du confluent de ces deux rivières; et quand le roi Amân-Ullâh a été interrompu dans son entreprise de modernisation du pays, il était justement en train d'en construire un troisième, de son nom Dâr-ul-Amân.

Tels sont les faits qu'établissent tous les documents connus, et nous comptons pour notre part y demeurer strictement _fidèles; mais, à notre grand regret — car l'horreur de la polémique est pour un indianiste le commencement de la sagesse - ce ne sera pas sans une apparence de débat. Il s'est produit en effet chez les historiens et géographes de cabinet, depuis tantôt un siècle qu'ils s'occupent de l'Afghânistân, un curieux phénomène psychologique de suggestion collective, d'une part, comme nous verrons bientôt, au sujet de Balkh, et, d'autre part, à propos de Kâbul. Les origines de l'emprise exercée sur leurs esprits par cette dernière ville ne sont pas difficiles à démêler. Qu'est-ce qui a d'abord attiré l'attention européenne sur l'Afghânistân ? — Les expéditions anglaises contre Kâbul. Quel était et est resté l'enjeu le plus immédiat de la rivalité russobritannique sur la frontière du Nord-Ouest de l'Inde ? — La prépondérance de leur influence respective à Kâbul. Que sait « l'homme de la rue » sur l'Afghânistân ? — Que ce pays a pour capitale Kâbul. Ce nom répété par toutes les bouches a fini par revenir sous toutes les plumes. Comme l'Émir régnait à Kâbul, c'est à Kâbul que furent censés avoir régné les rois Indo-Grecs, même ceux qui, comme Eukratidès, ont pris soin d'inscrire le nom de leur capitale Kâpiçî sur leurs monnaies. Fait plus invraisemblable encore : les Çâhis hindous qui, après la conquête de Kâbul par les Arabes sur ses maîtres turcs en 870 après J.-C., se maintinrent pendant cent cinquante ans dans le Gandhâra jusqu'à leur extermination par Mahmûd de Ghaznî, sont restés connus, en dépit de toute logique, sous le nom d'une ville qu'ils ne possédaient pas (4).. Et en même temps qu'à l'histoire la contagion s'est étendue à la géographie. La grosse rivière à peu près navigable qui se forme en aval de Jelâlâbâd est dénommée d'office la rivière de Kâbul; et, qui mieux est, les vallées de tous les tributaires de l'Indus qui descendent de l'Hindûkush sont devenues collec-