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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0112 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 112 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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IO2

L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

Aujourd'hui, tout ce massif est entouré d'une épaisse muraille en briques cuites. Jadis consolidée par des poutres noyées dans la maçonnerie et parfois renforcée à la base par des ouvrages de soutènement, elle se raccorde de part et d'autre aux remparts terreux et démantelés par le temps du Bâlâ-Hisâr [pl. VIII b]. A son tour devenue ruineuse, elle s'enlise dans ses propres débris; c'est à peine si çà et là quelques pans assez bien conservés et, à la pointe Sud, des restes de tours puissantes émergent encore des éboulis [pl. VII a]. Pourtant, à en juger par la facture des briques, ce revêtement ne remonte qu'à une époque fort moderne, probablement à celle de la dernière prospérité de Balkh sous les Timourides, aux xve et xvie siècles de notre ère. Sans doute il enveloppe lui-même — tel est du moins le cas dans notre tranchée Nord-Sud — une autre muraille plus ancienne et plus épaisse, mais celle-ci en grosses briques crues. Qu'enferme à son tour cette dernière ? C'est là toute la question. Jadis, avec le sabre d'Hazrat `Ali, qui tranchait les montagnes, ce n'eût été qu'un jeu de la résoudre, en fendant d'un seul coup le tertre en deux morceaux. Peut-être s'en tirera-t-on plus expéditivement encore à l'avenir, du jour où les archéologues disposeront d'appareils capables de radiographier le contenu des tumuli. Pour l'instant, il n'y a pas d'autre méthode que de pousser péniblement des tranchées au travers — quittes à invoquer par intervalles, en criant à tue-tête, les « quatre compagnons » du Prophète : « Chahâr Yâr ! Chahâr Yâr ! », car il n'en faut pas moins ici pour se donner un peu de coeur à l'ouvrage. Par ailleurs, le procédé le plus sûr était évidemment d'y pénétrer de l'extérieur, par une ou plusieurs des nombreuses brèches de la muraille, et, de préférence, au niveau le plus bas ; car c'est une autre particularité du coolie que, mis au pied d'un talus, il a toujours tendance à ne creuser qu'en remontant. Enfin, vous avez sûrement déjà pensé que les falaises de l'Arg seraient toujours assez proches pour jeter par-dessus bord nos déblais; et, en effet, pour faciliter le travail de mes successeurs, je me suis fait une loi absolue de nous débarrasser au fur et à mesure de tous les décombres qui ne faisaient qu'encombrer le terrain.

Restait seulement à savoir par quelle brèche, il convenait de se frayer un passage ; mais ici l'aspect de la surface devait bien avoir son mot à dire pour nous guider. En soi, rien de plus lamentable [pl. VIII] : imaginez une jonchée de briques cassées, entre lesquelles les plantes les plus rustiques n'arrivent que par places à pousser, vite brûlées de soleil et ne formant bientôt plus qu'autant de plaques lépreuses. Plus rien n'est debout, sauf deux pans de murs encadrant une porte qui ne mène plus à rien, juste à la délimitation des deux parties de l'Arg que nous avons distinguées plus haut [pl. XIII b]. La « moitié de pilier couverte de carreaux vernissés » qu'a encore vue, en 1885, le major Yate, a disparu depuis lors. Cependant, sous ce rugueux épiderme le terrain ondule, et certains de ses mouvements ont un caractère assez défini. Dans le quadrilatère du Nord, par exemple, se dessinaient des cours carrées, entourées de tertres oblongs qui devaient recouvrir des bâtiments d'habitation. Sans doute ces derniers, pour être si voisins de la surface, ne pouvaient être que modernes : mais pourquoi les logis des gouverneurs musulmans ne se seraient-ils pas superposés à ceux des anciens satrapes sassanides, kushâns, séleucides ou même achéménides ? De tout temps cette portion de l'Arg a été la mieux protégée contre les traits de l'ennemi : et ainsi vous ne serez pas surpris qu'elle ait dès l'abord attiré et qu'aujourd'hui elle tende à accaparer notre attention. Cependant, le promontoire méridional se relevait à la proue par des tertres qu'un indianiste ne pouvait s'empêcher de comparer aux bosses frontales de l'éléphant et qui paraissaient réclamer, eux aussi, une fouille. Enfin, à la lisière même du quadrilatère et du trapèze, adossé à l'angle rentrant de l'Arg du côté de l'Ouest, se marquait une autre protubérance assez forte pour mériter à tout le moins le n° 3 sur la liste comme dans l'ordre de nos préférences. En somme, vous le voyez, au printemps de 1924, le site se présentait assez bien,