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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0090 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 90 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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8o   L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

l'ombre d'une préoccupation esthétique; ni art industriel, ni industrie, pas même un habile artisan. Les deux seuls métiers dont la tradition ne soit pas tout à fait perdue, mais tous deux en pleine décadence, sont ceux du potier émailleur et du fabricant de tapis. Par ailleurs, impossible de trouver, même à Mazâr-é-Sharîf, aucun bon charpentier, menuisier ou chaudronnier, ni à plus forte raison aucun ouvrier capable de ciseler le bois ou le cuivre, ou simplement de tailler la pierre. Dans une telle ambiance, il n'y a pas de sculpture ni d'architecture possibles. Et qu'on ne se hâte pas de mettre cette lamentable indigence — que je puis d'autant mieux vous certifier que nous en pâtissons sans cesse — sur le compte du malheur des temps : Bâbur (II) ne nous apprend-il pas en passant que ce sont des ouvriers amenés de la Syrie, de la Perse et de l'Inde qui ont travaillé aux monuments de Tîmûr-Lang et de ses successeurs ? Qu'on ne répète pas davantage que tout cela, « c'est la faute à Chengiz-Khân » : au temps de l'incursion mongole, il y avait déjà treize siècles que des invasions barbares balayaient périodiquement ce pays, et tuaient en germe toute velléité de renaissance des arts. Que nous dit d'ailleurs Quinte-Curce des anciens Bactriens : Horridis ingeniis, multumque a Persarum luxa abhorrentibus... Tant pis pour eux : ce sont là des dispositions peut-être avantageuses pour la morale, mais sûrement détestables pour la production artistique. A la vérité, je n'attache pas grande importance à cette phrase de rhéteur, ni non plus au fait que le judicieux Arrien, dans son récit de la conspiration des pages (laquelle eut lieu à Bactres au petit printemps de 327 av. J.-C.) fasse dormir Alexandre sous sa tente, comme si ce dernier n'avait pu trouver dans un des palais de la Citadelle ou du Fort une résidence d'hivernage à sa convenance. L'auteur a probablement écrit sans y songer, n'imaginant pas le conquérant en dehors de cette mise en scène militaire. Le passage d'Onésicrite cité par Strabon est beaucoup plus topique. Il contient en somme le seul témoignage qui soit parvenu jusqu'à nous de l'impression produite par la vue de Bactres sur ses conquérants macédoniens : et ce fut une impression unanime de répulsion et de dégoût causée par le spectacle des débris humains qui, nous dit-il, traînaient en pleine rue, abandonnés aux chiens. Cette fois encore, je n'insiste pas à fond, car on pourrait discuter à perte de vue sur la façon indigène de disposer des cadavres sans que cela nous renseigne beaucoup sur l'architecture de la cité. Mais il existe un indice des plus inquiétants, et déjà relevé par notre ami, M. le professeur E. Rapson, je veux dire l'absence de toute réaction locale sur la numismatique des rois grecs de Bactriane (12), en contraste si frappant avec les multiples marques d'influence indienne qui, dès leur conquête du Pafij âb, apparaissent aussitôt sur les monnaies de ces mêmes rois. Comment expliquer tant de passivité et d'inertie de la part de la Bactriane sinon par l'absence de tout art national ? En fait, je n'ai souvenir que de deux statues qui nous soient mentionnées comme existant à Balkh. L'une est celle d'Anaïtis dont Artaxerxès Mnémon, qui lui était fort dévot, aurait fait présent au temple de la déesse; l'autre, également donnée comme très précieuse, est celle du Buddha qui décorait le sanctuaire du Monastère-Neuf. Je ne m'arrête pas à peser ce que pourront bien nous en avoir laissé les iconoclastes arabes; ma crainte pour l'instant vise ailleurs, et à plus longue portée. Ce Buddha, d'après tout ce que nous savons de l'art gréco-bouddhique du Nord-Ouest de l'Inde, était par définition une oeuvre indo-grecque; quant à l'Anaïtis, si l'Artémis nimbée de huit rayons des monnaies d'Euthydème reproduit, comme il est probable, son image, c'était non moins sûrement une oeuvre gréco-perse : si bien que les deux idoles seraient dues à des artistes étrangers au pays, venus l'un du Gandhâra et l'autre de Perse ou même d'Asie Mineure.

Ce n'est pas tout, hélas ! Mes inquiétudes au sujet de la main-d'oeuvre se doublent, comme vous savez déjà, de celles que m'inspirent les matériaux apparemment employés, c'est-à-dire, comme cadre, le bois et, comme remplissage, la terre. Notez que c'est encore là tout ce dont on