rature, chacun croit savoir qu'une maison de terre laisse moins aisément pénétrer la chaleur ou le froid qu'une maison de pierre. En d'autres termes, la première resterait plus chaude l'hiver et plus fraîche l'été, donc plus confortable en toute saison. Dans ces conditions, pourquoi se serait-on donné infiniment plus de mal pour obtenir un résultat d'avance reconnu moins bon ? Il n'y avait aucun profit appréciable à tirer de l'emploi de la pierre, sauf si on la substituait, non à la terre, mais au bois, bien moins durable qu'elle. C'est seulement en fait de piliers, de châssis, de chambranles, etc., qu'un avantage certain compensait le coût et les difficultés de la main-d'oeuvre. Ainsi s'explique que l'immense majorité des débris qui nous restent des palais de Persépolis soient justement des seuils, des jambages, des linteaux de portes, ou encore des encadrements de fenêtres taillés en plein bloc, ou enfin des colonnes et des tambours de colonnes. Dans ces sortes de temples élevés au principe monarchique, tous les supports intérieurs des grands halls, et le bâti de tous les vides apparents avaient été ainsi rendus à l'épreuve du temps. Quant aux parties pleines, aujourd'hui disparues, nous avons déjà dû rappeler qu'elles étaient simplement composées de terre battue, ou tout au plus de briques crues. Les seules murailles en pierre de taille que nous nous souvenions d'avoir vues sur le fameux Takht-é-Jamshîd sont ou bien des murs de soutènement, ou des rampes d'escaliers, ou des parois de propylées. Et puisque par une pente naturelle, nous recommençons toujours à parler, à propos de Balkh, de ces ruines aussi magnifiques que négligées (13), voulez-vous savoir à quoi nous devons, en dernière analyse, l'impérissable terrasse ? — La question est ridicule, me répondrez-vous; évidemment aux ressources d'un trésor vraiment royal, aux efforts d'un peuple d'ouvriers recrutés dans tout un empire, enfin aux géniales conceptions d'architectes demeurés anonymes... — Sans doute ; mais, croyez-moi, la chance unique de Persépolis (et par suite la nôtre, puisque c'est ce qui nous vaut sa conservation), c'est qu'elle est directement adossée à la colline rocheuse d'où sont sortis tous les matériaux dont elle est faite. Inversement le grand malheur de Bactres, ce sont les trois lieues qui le séparent des inépuisables carrières de calcaire de la montagne — calcaire dont je ne saurais d'ailleurs vous garantir l'excellence en tant que pierre à bâtir. Assurément, c'eût été trop demander que de s'attendre à retrouver réunies dans le chef-lieu d'une province aussi excentrique les mêmes conditions de richesses accumulées, de main-d'oeuvre experte et de talent architectural que dans une des capitales de l'empire; mais la grande différence n'est pas là : elle réside avant tout dans la présence ou l'absence de la pierre. Bon gré, mal gré, il nous faut y revenir en finissant, de même que c'est par là que nous avons dû commencer. Ce sont les conséquences inéluctables de cet accident géologique que je tremble de voir se dérouler devant moi avec l'implacable obstination des choses pendant les jours qu'il me reste à travailler ici.
[PREMIÈRES CONCLUSIONS]. - Cette fois, je crois bien que nous avons terminé le tour rapide des faits les plus saillants comme des textes les plus notables. Chose curieuse, interrogés sur place, ni les uns ni les autres n'ont osé nous bercer des mêmes espoirs qu'en Europe : si les voyages servent à quelque chose, c'est apparemment à nous enlever des illusions. Que nous dit à présent l'histoire de l'art ? « Méfiez-vous des matériaux sans durée et d'une main-d'oeuvre insuffisante. »
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L'histoire politique ? « N'oubliez pas que ce pays frontière, sans cesse contesté entre le nomadisme et la civilisation, a été barbarisé dès avant notre ère et a vu sa capitale tour à tour détruite par les Scythes et les Tokhâres, les Hephtalites et les Turcs, les Arabes et les Mongols, etc... »
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La géographie ? « Cette région surtout agricole et pastorale, sans frontières définies vers l'Ouest, de sécurité toujours précaire, a été créée par la nature pour servir de lieu de transit et d'échange, non pour façonner une nation ni enfanter un art original. » En définitive, tous nos
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