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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0087 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 87 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LE PRONOSTIC

77

de l'hiver fassent déjà place aux premières exagérations de l'été. Ce n'est pas autrement qu'il nous faut imaginer, dès l'époque préhistorique, la ruée de la population environnante vers le même carrefour (à six lieues près) de ses grandes routes, à l'occasion de la première grande foire printanière et sous le pieux prétexte d'un pèlerinage au sanctuaire d'Anaïtis. Ce n'est pas autrement que peu à peu se répandit le renom de Bactres, que grandit son importance urbaine, que les caravanes apprirent le chemin de ses marchés, qu'il finit par devenir la capitale, sinon l'unique grande ville et par suite la « mère des villes » de sa province, et qu'enfin, il se trouva prêt, le jour venu, à jouer son rôle de premier plan dans le grand commerce international. Mais là même où, grâce à des circonstances exceptionnellement favorables, l'une de ces bourgades bactriennes s'est ainsi démesurément développée, rien ne donne à penser qu'en grossissant elle ait beaucoup changé de nature. Sans doute, dans sa population, l'élément mercantile et le personnel subalterne qui vit de l'affluence des étrangers dut déplacer vers les faubourgs et la banlieue la classe agricole et pastorale, tandis que des murailles toujours plus hautes s'élevaient pour mettre à l'abri des tribus pillardes de la steppe les richesses accumulées dans les caravanséraïs. Toutefois, rien ne nous suggère et nul ne nous rapporte que, tout en restant un admirable lieu de transit et d'échange, Bactres se soit jamais transformé en un grand centre industriel. Apparemment, les marchandises manufacturées que, des quatre points de l'horizon, les caravanes apportaient sur ses marchés venaient d'ailleurs pour aller ailleurs, une fois la demande locale satisfaite. Toutes se répartissaient sur place; aucune, pour autant que nous sachions, ne s'y fabriquait. Mais alors, je suis bien obligé de vous le demander, quel art pouvons-nous attendre de la part de gens qui ne semblent même pas avoir eu une industrie ?

[LES SOUVENIRS HISTORIQUES]. - La géographie le montre : dans le milieu que nous venons de définir, ce serait miracle si les circonstances historiques avaient forcé la croissance d'une nation centralisée, consciente de ses destins et dotée d'une culture originale et raffinée. Or, si maintenant nous nous tournons du côté de l'histoire, nous ne voyons pas que celle-ci ait été le moins du monde favorable à la genèse d'une telle merveille. Aussi haut qu'il nous soit donné de remonter, la Bactriane nous est dépeinte comme le champ de bataille et le souffre-douleurs de l'éternel conflit entre l'Irân et le Tûrân. Pénétration plus ou moins pacifique de colons iraniens attirés par la richesse de ce terroir ; retour offensif des nomades contre les immigrants sédentaires; alternances d'avance et de recul de la civilisation, c'est toujours là ce qu'il nous faut entrevoir à travers les fabuleuses légendes du Shâh-Nâmeh comme au fond des récits plus ou moins controuvés sur la triomphante prédication de Zoroastre, puis son égorgement par je ne sais quelle tribu scythique, ou encore sur la victoire éclatante de Cyrus, puis sa défaite et sa mort aux mains des Massagètes. Ce qui ressort le plus clairement de toutes ces traditions, c'est que ce pays, de même que la Sogdiane, n'a jamais bien nettement appartenu ni aux Perses ni aux Scythes, mais est resté comme un bien quasi-indivis et constamment disputé entre eux. Le fait que les uns et les autres appartenaient au fond à la même race, s'il est vrai que les Scythes de ces parages n'étaient que des Iraniens orientaux, expliquerait d'ailleurs que la ligne de démarcation ne fût pas des plus tranchées. Ne lisons-nous pas dans Strabon qu'il n'y avait guère de différence entre les Scythes et les Bactriens, sauf que ceux-ci avaient des moeurs un peu plus douces; et encore n'était-ce pas beaucoup dire ! Par le fait, ce qui paraît avoir tendu à les distinguer le plus, c'est la graduelle disparition du courage militaire chez les laboureurs et les marchands enrichis du sud de l'Oxus. Jamais nous ne les voyons opposer à leurs envahisseurs aucune résistance sérieuse. C'est sans coup férir que Bactres ouvre ses portes aux Macédoniens. Abandonné