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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0109 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 109 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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BACTRES : LES FOUILLES DE L'ARG   gg

fréquentes ni très prolongées. Les humeurs de l'espèce humaine sont moins faciles à manier que les intempéries. Pour nous les premiers tiraillements s'annonçaient sur les chantiers dès la fête du Nau-Ruz, c'est-à-dire du Nouvel An, lequel commence fort judicieusement le 21 mars avec l'équinoxe de printemps. Désormais surviendra d'abord le Râmazân qui, retardant avec la lune sur l'année solaire, est tombé l'an dernier le 6 avril et tombera cette année [1925] le 27 mars. Ce jeûne diurne absolu de trente jours, compliqué de veillées et de festins nocturnes, marque un renversement total des habitudes. On peut dire sans irrévérence qu'il jette dans un état particulier d'énervement les fidèles croyants (qui, pour la plupart, l'observent, parce que chacun d'eux veille jalousement à ce que les autres en fassent autant). Pour couper court aux récriminations et aux désertions, nous n'avons trouvé l'an dernier qu'un remède : c'était de réduire le travail presque à mi-temps, mais non pas à demi-salaire, de sept heures du matin à midi. J'oubliais de vous dire qu'au Turkestân afghan la journée de huit heures est déjà entrée dans les moeurs, et nul ne s'est embarrassé du fait que son introduction ailleurs était la conséquence d'un machinisme parfaitement inexistant ici : les paroles volent et les plus rapides sont celles qu'il n'est pas besoin de répéter deux fois. Cette année, le Râmazân sera à peine terminé que, sans transition, la chaleur sera venue. De toutes façons, dès le mois d'avril les bons montagnards Hazâreh se hâtent de regagner leurs villages et leurs champs avant même que ceux-ci aient achevé de secouer leur torpeur hivernale. Eux partis, le recrutement est réduit aux « mard-é-kâr » de la plaine, très panachés de races, Tâjiks, Uzbegs, Turcomans ou colons Afghans, mais tous unanimes dans leur détermination pleinement consciente de ne pas trop se fatiguer au service d'autrui. On peut encore maintenir le chantier en état de semi-activité pendant mai et peut-être juin : il serait superflu d'insister davantage. L'insolation et la malaria auraient raison petit à petit des derniers coolies, et les fouilles s'arrêteraient automatiquement, faute de fouilleurs. L'interminable été de Bactriane, avec son soleil torride, ses myriades de moustiques et ses « vents de poussière » n'a rien à envier à celui de l'Inde — sauf le seul trait qui rachète et rompe un peu celui-ci, à savoir la mousson pluvieuse. C'est ce que veut dire Bâbur quand il écrit dans ses Mémoires cette phrase au premier abord surprenante : « Dans l'Hindûstân il faut chaud, mais pas aussi chaud qu'à Balkh ou Kandahâr, et moitié moins longtemps... (19). »

Tel nous est du moins apparu le calendrier archéologique local au cours de l'an de grâce 1924 après J.-C. et 1304 après l'Hégire. Si nous avions tous su, il y a un an, ce que nous savons aujourd'hui, notre ami J. Hackin serait arrivé à Balkh non plus le 3 juillet, mais le 3 novembre — c'est-à-dire le jour même qu'il en a dû repartir — et je ne porterais pas seul (excusez cet égoïste soupir) la responsabilité de fouilles aussi délicates et compliquées que celles de l'Arg. Car, à présent, il ne s'agit plus seulement de nettoyer les abords d'un tumulus, mais de mettre à nu le contenu de ses entrailles; et c'est là un genre d'opération pour lequel, vu les dimensions beaucoup plus grandes du patient, je ne me sentais que médiocrement préparé. Aussi ai-je souhaité et, si vous aviez pu me la promettre, aurais-je volontiers attendu la venue d'un spécialiste passé maître dans l'art de découper horizontalement les tell, tranche par tranche. Ce qu'il faudrait ici, c'est un architecte ou un ingénieur déjà entraîné à ce genre de sport en Perse ou en Mésopotamie et, si possible, muni de tout un outillage européen. En guise de wagonnets de fer courant sur des

rails, nous n'avons, vous le savez, que nos civières à la démarche de tortue, et nous ne disposons d'autres outils que ceux qui se fabriquent dans le pays même. Devant une telle tâche, avec

de si médiocres moyens et une main-d'oeuvre aussi flottante, après si peu de mois de plein travail, vous concevrez aisément que je ne puisse vous donner qu'une sorte de « progress report » essentiellement provisoire, et rien qui ressemble à une monographie de l'Arg.