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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0045 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 45 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LA DESCENTE DU PLATEAU IRANIEN   35

débouche en face du village de Dô-âb, sis (comme son nom l'indique) au confluent du Paiijshîr et du Kâbul-rûd, soudain retrouvés au sortir de leurs gorges respectives. Pendant deux krûr de plus nous suivons dans le sens du courant l'assez grosse rivière blanchâtre aussi formée, à travers deux tangî où elle laisse juste place à la route; puis nous la quittons à nouveau en face de Sarobî pour grimper sur un petit contrefort et redescendre dans le val pierreux et sec où niche Naghâlû.

Jusqu'ici notre direction générale a été celle du Sud-Est : désormais elle va tourner franchement à l'Est. Traversant des conglomérats très déchiquetés, la route cesse d'être unie sans pour cela rencontrer d'obstacles sérieux. Le seul passage de montée longue et dure, suivie d'une descente brusque, est au bout de quatre krûr le kotal, déjà dénoncé ci-dessus, de Bâdpash. Ici l'éperon rocheux d'une montagne de gneiss nous barre le chemin et nous force à nous élever de goo à I.600 mètres pour redescendre, toujours en lacets, à 1.300 mètres environ. Du sommet nous apercevons vers l'Est, entre les montagnes du Kâfiristân au Nord et celles qui bordent le Kâbul-rûd au Sud, tout un clapotis de vagues en grès désagrégé, où s'enfoncent des promontoires et d'où surgissent des îlots de granit. Son caractère aride et tourmenté a valu localement à ce terrain le nom de Dasht-é-Shaitân (g) : en français cela revient à dire qu'on l'a une fois pour toutes donné au diable. Tout au fond, au pied d'une autre haute barrière de montagnes, luit comme un espoir la mince ligne de verdure du Laghmân (pl. XXXI).

Persuadés que l'étape du lendemain serait fatigante, nous demandons l'hospitalité au plus prochain galeh. Cependant les seize krûr qui nous séparaient encore de la rivière de Laghmân se révélèrent beaucoup moins pénibles que nous ne le craignions. Sans doute le trajet est des plus découpés et accidentés, mais les dénivellations ne dépassent pas Ioo ou 15o mètres. Sans trop d'efforts, la piste serpente dans les fosses ou sur les plateaux jusqu'à ce qu'enfin ces derniers ressoudent leurs surfaces aplanies et que surgissent les bornes blanches d'une autre route, encore due à l'Émîr-Shâhid. Elle conduit depuis la zyârat de Lamech (le père de Noé, qu'on ne s'attendait guère à rencontrer en ces parages) jusqu'au Qal'at-é-Serâj, c'est-à-dire au château royal de Tigri (Tigarhi). Bâti au confluent de l'Alishang avec l'Alingar, il domine la belle vallée du Laghmân exactement comme celui de Jebel-Serâj commande la vue de tout le Kapiça, car le défunt Émir avait le sens et le goût des beaux paysages (Io). Mais jamais caravane n'a fait un détour pour si peu. La vieille route piquait directement sur Mandrâwar pour y traverser à gué les deux rivières réunies. Elle le fait encore aujourd'hui, mais sur un pont de fer qui, combiné avec ceux que l'Émîr-Shâhid avait également fait jeter sur l'Alishang et l'Alingar (une pile de ce dernier a basculé) lui permettait d'accomplir en voiture le circuit de la vallée. Les tepbeh qui dominent les deux rives et recouvrent vraisemblablement les ruines de la Nicée d'Alexandre s'ajoutent aux raisons topographiques pour nous persuader que l'ancien passage se trouvait bien en cet endroit.

Il nous reste cependant une dizaine de krûr à couvrir et deux autres rivières à traverser (celle venant de Kâbul et le Surkh-rûd) avant d'atteindre Jelâlâbâd. Après le gros village de Chahâr-bâgh, le terrain redevient plus sablonneux et stérile. Un grand banc de conglomérat appuyé sur une tête rocheuse nous barre le chemin. Passés de l'autre côté, nous découvrons que, derrière cet écran, la rivière de Laghmân a déjà pudiquement consommé son hymen avec celle de Kâbul et que leurs eaux confondues y ont forcé un étroit passage. Dès que le défilé le permet, un long pont suspendu, également en fer, les enjambe : sinon, vu leur profondeur, il faudrait sans doute avoir recours soit à un bac, soit (comme cela se pratique couramment) à un radeau d'outres gonflées. Un peu en aval sur la rive droite nous rencontrons le large lit de galets du Surkh-rûd : mais son eau rouge ne l'emplit qu'exceptionnellement, après de très fortes pluies.