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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0141 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 141 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES ANTIQUITÉS DE BAMYAN ET DES VALLÉES ADJACENTES   '3z

ment pouvez-vous justifier votre intermède bouddhique, à présent que la minutieuse révision à laquelle M. P. Pelliot a soumis les trois traductions antérieures du passage de Hivan-tsang démontre que « l'image du Buddha couché, longue de mille pieds » signalée par le pèlerin n'a rien à voir avec votre promontoire ? — Tout d'abord au silence de Hivan-tsang, si par hasard on nous l'oppose, nous répondrons simplement que des « milliers de sanctuaires bouddhiques de l'Inde du Nord », il n'a pas cité la centième partie. Mais, d'autre part (bien que du Panjâb au Turkestân chinois on puisse risquer sans danger cette inférence), nous ne nous bornerons pas à invoquer, comme preuve à l'appui de l'existence d'un ancien pèlerinage bouddhique, le simple fait d'un pèlerinage musulman moderne. Nous avons encore dans notre sac une preuve plus subtile, mais non moins probante à nos yeux, ou plutôt à nos oreilles d'indianistes. Écoutez, en effet, ce que conte le mullah, gardien de ce saint lieu, et permettez-nous seulement d'insérer entre crochets ce que du même coup, et sans qu'il s'en doute, nous entendons sous ses paroles : « En ce temps-là Hazrat `Ali (que Dieu rende sa face glorieuse !) n'ayant plus rien à distribuer en aumône, se donna lui-même à un pauvre qui était venu solliciter sa charité [ceci est un jâtaka bien connu]. Il lui recommanda seulement de demander non moins de mille roupies de sa personne. Le pauvre emmène donc son esclave volontaire au bâzâr et le met en vente au prix convenu; et chacun de se récrier contre une exigence aussi exorbitante. Enfin, le roi consent à payer la somme demandée, mais à trois conditions : d'abord, sa nouvelle et coûteuse acquisition tuera le dragon qui désole le pays [rappel des histoires des méchants Nâgas de l'Inde du Nord]; puis il bâtira la digue connue aujourd'hui sous le nom de Band-é-Émîr, à travers la haute rivière de Balkh [élément légendaire local]; enfin, il lui apportera la tête d"Alî [contamination du jâtaka où la tête du futur Buddha est mise à prix]. Hazrat 'Ali remplit successivement — les deux premières, incognito — les trois conditions de son contrat d'achat. En ce qui concerne le dragon, vous en avez le cadavre sous les yeux, et sa taille gigantesque prouve assez la vaillance et la force surhumaine de son vainqueur; détail inédit (mais avions-nous besoin de cette preuve de plus ?), le sentier poli par les pieds des pèlerins qui court comme une cicatrice sur l'échine du monstre marque l'endroit où le héros a prélevé une longue bande de peau rugueuse pour la rapporter au roi comme preuve de sa victoire. La construction de la digue fut un tour de force non moins grand et un non moins précieux bienfait pour le pays. Pour venir à bout de l'entreprise, Hazrat 'Ali fait d'abord appel à l'aide des montagnards des environs; mais les hommes, terrifiés par la difficulté de la tâche, s'enfuient dans toutes les directions, et si vite qu'ils en sèment derrière eux leurs turbans. Par bonheur, les femmes, plus intelligentes et plus courageuses, peut-être aussi plus sensibles au charme personnel du héros, comprennent que l'intérêt général est en jeu et s'empressent d'accourir avec des provisions de lait et de beurre pour soutenir les forces du champion de l'Islam. D'aucuns disent même (et c'est là, en effet, ce que nous avons déjà entendu raconter le samedi 29 avril 1922 dans le Kôh-é-Bâbâ occidental) qu'elles lui apportèrent en même temps une telle quantité de fromages de leur fabrication, que ces matériaux improvisés suffirent à barrer la rivière. En tout cas, il est de notoriété publique que depuis lors, dans toute cette région de l'Hazârajât, ce sont (comme nous l'avons nous-mêmes constaté) les femmes qui portent le turban, tandis que leurs maris n'ont gardé'

comme coiffure que leur bonnet pointu bordé de fourrure. Vient enfin pour Hazrat `Ali le moment d'accomplir la troisième et suprême épreuve : noblement, il se croise les bras et dit au méchant roi : « Prends ma tête. » Et naturellement tout finit bien par une conversion générale... à l'Islam.

Chacun en pensera ce qu'il voudra ; pour nous, notre conviction a tout de suite été faite sur place : Hazrat `Ali n'est ici que l'héritier du Bodhisattva. Le fond du récit que nous avons