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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0059 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 59 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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ITINÉRAIRES ANCIINS ET MODERNES

Lors de notre arrivée dans le pays nous avions cru tout de suite en apercevoir le motif. La décadence de Balkh entraînait automatiquement l'abandon de la voie du Balkh-ab; et du moment que le chef-lieu du Turkestân afghan se trouvait transporté à Mazâr-é-Sharîf, à 25 kilomètres plus à l'Est, le choix de la vallée du Khulm se recommandait d'autant mieux aux caravanes en provenance ou en direction de Kâbul que cet itinéraire leur faisait visiter au passage les deux centres secondaires, mais actifs, de Tâsh-Qurghân et d'Haibâk... C'est là une de ces vues, justes dans l'ensemble mais superficielles, qui sautent aux yeux d'un nouvel arrivant. Une expérience plus longue du pays nous fait nous demander à présent si les vrais motifs de la bifurcation ne sont pas eux-mêmes les effets d'une cause encore plus profonde. Nous ne pouvons qu'être frappés par le fait qu'une fois de plus la voie de pénétration dans le Turkestân afghan est en train de se déplacer vers l'Est et, après avoir délaissé la rivière de Balkh pour celle de Khulm, d'abandonner celle-ci pour celle de Kunduz (2). Contemporains de ce nouveau glissement, nous voyons clairement que ce sont les convenances particulières de Kâbul, et par suite les leurs propres, qui poussent ses gouvernants à le faire étudier par des ingénieurs étrangers à leur solde et à le réaliser aussi vite que le permettent les ressources limitées du budget afghan. Bref, le déplacement des routes vers l'Est ne ferait au fond que manifester la force grandissante de l'attraction exercée par la capitale dans un Afghânistân de plus en plus centralisé.

Un autre défaut de l'explication dont nous nous étions d'abord contentés, et sa plus grande faiblesse, réside dans le fait que la définitive déchéance de Balkh est de date plus récente qu'on ne pourrait croire. Les voyageurs européens du siècle dernier n'ont encore trouvé à Mazâr-éSharîf qu'un village groupé autour d'un prétendu tombeau d"Alî. Ferrier le déclare insignifiant ; et si Al. Burnes lui accorde 50o maisons, il en fait beaucoup moins de cas que de Tâsh-Qurghân ou « Khooloom », ainsi qu'il l'appelle encore, avec ses io.000 habitants (3). Notez d'autre part que les ruines voisines, aujourd'hui presque abandonnées au désert, du vieux Khulm attestent l'antique importance de cette cité. Si vous ajoutez que les restes bouddhiques d'Haibâk prouvent également l'ancienneté de cette bourgade, on sent à quel point il serait absurde de supposer que le chemin qui mène du Qarâ-kotal à Tâsh-Qurghân par Haibâk ait attendu, pour être fréquenté, la récente promotion administrative de Mazâr-é-Sharîf. Nous nous garderons donc de céder à la tentation de croire, parce que Hivan-tsang a choisi la vallée du Balkh-âb, que l'itinéraire par Khulm et sa rivière n'existât pas de son temps : le plus grand voyageur du monde ne peut passer que par une seule route à la fois. Tout ce qu'il est légitime d'inférer, vu la partialité bien connue du sage pèlerin pour les chemins battus, c'est qu'au vile siècle la grand'route de l'Inde était encore fidèle à la rivière de Balkh et qu'elle ne s'en est définitivement détournée qu'à une date postérieure. Cette date, il nous est présentement impossible de la fixer, mais il se peut que la déviation par la rivière de Khulm remonte au Moyen Âge et par suite empiète déjà sur le prochain paragraphe.

LES ROUTES MÉDIÉVALES. - Revenus sur le terrain moins mouvant du versant indien, notre premier soin va être de constater que le transfert de la capitale de Kâpiçî à Kâbul a jadis affecté dans plus d'une direction le tracé de la grand'route. Tout ce que nous croyons savoir de l'humaine routine et de la force de la tradition en Orient donne bien à penser que, longtemps encore après Hivan-tsang, la grande voie de communication a continué de suivre, au sortir de Bâmyân, la vallée du Ghorband, de nos jours réadoptée par la route carrossable. Mais le pèlerin a déjà eu connaissance (et, comme nous verrons, pas seulement par ouï-dire) du chemin qui diverge vers le Sud-Est au coin du promontoire de Shahr-é-Zohâk, le long du torrent de Kalß (4). Or,

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