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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0108 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 108 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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98   L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

le mieux dans mes études particulières, j'encourrais vite, auprès d'autres que vous, le reproche de m'attarder à des broutilles de spécialiste au lieu d'essayer d'arracher à la plus haute antiquité de Bactres les secrets infiniment moins rebattus et d'un intérêt autrement passionnant que l'on attend à Paris. Et ces secrets, où aller les chercher, sinon dans l'Arg, c'est-à-dire dans l'Acropole de l'ancienne cité ? Aussi est-ce là que nous nous sommes déjà transportés, mes peu vaillants ouvriers et moi, et que nous avons déjà entamé la seconde partie de ce jeu de hasard qu'est forcément, en un pays d'ignorants ou de muets volontaires, une prospection archéologique.

V. — [LES FOUILLES DE L'ARG.]

Balkh, le 28 janvier x925.

L'exhumation, au moins partielle, du stûpa bouddhique que s'est avéré être le Tôp-éRustam, n'était qu'une sorte d'entrée de jeu, destinée à nous faire la main. Je n'irai pas jusqu'à prétendre qu'on ne peut abîmer un « tope » en le fouillant : des exemples déplorables ont prouvé dans l'Inde le contraire, et il suffit pour causer d'irréparables dommages qu'un archéologue improvisé entreprenne de passer largement au travers, au lieu de se borner à en dégager le pourtour et à y pratiquer ensuite un discret sondage. Mais enfin ce genre de recherches est facile à conduire une fois que la véritable nature du monument a été établie et ses lignes principales repérées. J'en ai pris avantage, d'une part, pour former sans grand péril nos surveillants, contremaîtres et ouvriers afghans; de l'autre, pour choisir après mûre réflexion le site de ma première grande tranchée. Tandis que mes équipes poursuivaient la tâche assignée, j'ai pu trouver le loisir de m'orienter et de dresser, à votre usage comme au mien, un premier croquis des murailles et des principaux tertres de l'ancien Balkh. Vous savez depuis longtemps (car qu'ai-je de caché pour vous ?) comment le cercle de mes préférences s'est peu à peu rétréci pour ne retenir enfin que trois sites principaux, l'Arg ou Citadelle, le Bâlâ-Hisâr ou Fort, et le Teppeh-Zargarân ou Tumulus-des-Orfèvres. Soit dit entre nous, j'aurais pu m'épargner mes longues hésitations entre eux trois, car on n'échappe pas au pouvoir magique des noms, et vous-même, si j'avais pu vous consulter de loin et vous demander, comme dans Hernani : « Par où faut-il que je commence ? », immanquablement vous m'auriez répondu : « Par l'Acropole ».

[ÉPOQUE ET MODE DES FOUILLES]. Le sort en est donc jeté; mais ici, tandis que les fouilles du Tôp-é-Rustam n'étaient qu'un lever de rideau, l'exploration de l'Arg menace de devenir au moins une pièce en cinq actes ou, si vous préférez, en cinq saisons. Encore n'y en a-t-il qu'une d'écoulée; car on ne peut guère considérer que comme un prologue les recherches effectuées d'avril à juin 1924 : seule la période de novembre 1924 à mai 1925 méritera d'être comptée comme une véritable saison de fouilles. L'expérience nous l'a appris, et, comme toujours, à nos dépens : avec octobre seulement la température commence à se rafraîchir et l'automne bactrien est de tout point magnifique. C'est aussi le moment où, pour échapper au dur hivernage de leurs montagnes et ramasser quelques espèces sonnantes, les bons coolies Hazâreh, au type si nettement mongol, descendent louer leurs bras dans la plaine. Ils fournissent d'excellents terrassiers, vigoureux, durs à la fatigue et, par une louable exception, ne rechignant pas à l'ouvrage. Vous concevez que cette coïncidence entre l'arrivée de la meilleure saison et celle de la meilleure main-d'oeuvre assure au travail de l'automne un maximum de rendement. Un peu plus tard, il faudra compter avec les vagues de froid sibérien et les tourmentes de neige de l'hiver, puis avec les grosses quintes de pluies du printemps; mais, en année moyenne, ces interruptions ne sont jamais très