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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0107 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 107 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES FOUILLES DE TOP-É-RUSTAM   97

« d'une multitude de pierres précieuses ». S. Beal et Th. Watters parlent seulement « d'une variété de précieuses substances », ce qui (vu les formidables dimensions du reliquaire ainsi décoré) est déjà fort joli. Il faut évidemment entendre une sorte de mosaïque en pietra dura, donnant déjà à l'ceil une impression analogue aux revêtements modernes de kâshî, et où des dés de terre cuite vernissée, des paillettes de mica et des fragments de verre jouaient peut-être déjà un rôle, mêlés aux grenats et aux lapis du Badakshân, sans parler de toute la diversité des cailloux roulés de l'Hindûkush. Faute de savoir manier les jeux de lumière et d'ombre qu'accusent dans les deux sens, vertical et horizontal, les lignes des pilastres et des moulures, on s'était rabattu sur cet effet de clinquant pour relever la nudité crue de l'énorme stûpa. Vous savez comment ce procédé de décoration devait continuer à fleurir jusqu'à nos jours sur les tombes et les mosquées musulmanes. A la vérité, je dois vous avouer que nous n'en avons pas trouvé trace dans les déblais du Tôp-é-Rustam ; mais pouvons-nous en être surpris après tant de siècles de spoliation continue ?

Quoi qu'il en soit,, la seconde jeunesse du stûpa devait être brusquement écourtée. Les « substances précieuses » qui constituaient son maquillage furent sans doute, dès 652, le butin des premiers envahisseurs arabes, et il partagea en 663 la ruine totale du Nau-Behâr. Le site de ce dernier et de ses dépendances doit achever de se niveler sous les cultures des jardins entourés de murs qui règnent au Sud du Tôp-é-Rustam ; mais il est difficile d'y aller voir, et, pour notre part, nous n'avons rien aperçu de probant de ce côté, pas même quelque tertre lamentable dans le genre de ceux qui marquent encore dans la banlieue de Peshâwar l'emplacement de la fondation religieuse de Kanishka. Le stûpa a mieux résisté : sa grande hauteur, sa structure massive, l'incombustibilité de ses matériaux, bref, toute la force d'inertie emmagasinée dans sa masse militait en faveur de sa meilleure conservation et assure encore à sa caducité un très long bail d'existence.

Est-ce à dire qu'il nous soit parvenu dans l'état où le trouva la fin du vile siècle de notre ère ? Assurément non. Comment pourrions-nous négliger l'action incessamment répétée, sur ce tertre croulant et dépouillé de son enduit protecteur, des neiges de tant d'hivers et des pluies de tant de printemps ? Et surtout comment oublier que pendant ces douze siècles il a constamment servi de carrière ? Tous les matériaux qui étaient susceptibles de réemploi lui ont été peu à peu empruntés par les entrepreneurs de bâtisses du voisinage, et la plupart ont dû passer dans les tombes musulmanes, à leur tour ruineuses, qui, je vous l'ai dit, couvrent de ce côté tous les abords de la vieille cité. L'étonnant, c'est qu'il reste encore quelque chose qui soit bon à prendre. Au moment de notre arrivée, les villageois des hameaux voisins grattaient encore dans le secteur Nord-Est pour déménager les dernières briques cuites. Puissent les ordres du gouvernement afghan protéger de façon efficace celles que nos fouilles ont mises à découvert !

Sur ce ilium votum arrêtons pour le présent le premier essai de monographie du Tôp-éRustam. Bien que les résultats des recherches ne soient pas susceptibles de plus d'une interprétation, voilà déjà quelque temps que nous côtoyons dangereusement le domaine interdit de la conjecture. Et pourtant, tout compte fait, }e crains que votre curiosité ne soit plus aiguisée que satisfaite. Que de points d'interrogation n'avons-nous pas dû laisser debout sur ces quelques pages ? Ne serait-il pas possible d'atteindre à plus de certitude ? Et ne faudrait-il pas à la fois contrôler et corser les résultats obtenus par la comparaison de ceux que fournirait l'examen des autres monuments bouddhiques, tels que Chakhr-é-Falâq, Âsyâ-é-Qonâk et le Nâdir-Teppeh ? — Assurément; mais patience ! Bactres ne s'est pas construit en un jour, et ce n'est pas non plus en une saison que nous viendrons à bout de l'explorer. N'attendez pas de moi, pour l'instant, une suite à ces recherches bouddhiques. Justement, parce que ce sont celles qui rentrent

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