国立情報学研究所 - ディジタル・シルクロード・プロジェクト
『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

> > > >
カラー New!IIIFカラー高解像度 白黒高解像度 PDF   日本語 English
0123 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 123 ページ(カラー画像)

New!引用情報

doi: 10.20676/00000237
引用形式選択: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR読み取り結果

 

BACTRES : LE BILAN

113

VII. — [LE BILAN.]

Balkh, le 15 juillet 1925.

Ma dernière lettre avait pris en finissant l'allure d'un testament : peu s'en est fallu qu'elle n'en soit effectivement devenue un et qu'à l'exemple de Moorcroft et de ses deux compagnons nous ne soyons en train, ma femme et moi, d'engraisser la grasse terre de Bactriane. En fait, les bruits qui sont parvenus à notre Légation de Kâbul et vous ont été transmis, paraît-il, à Paris, étaient indûment alarmistes. La fièvre qui nous a conduits à l'avant-dernier degré de la cachexie est tombée avant d'aboutir à la privation de vie. Petit à petit, et chacun à notre tour, nous reprenons assez de forces pour faire lentement et presque sans aide — car nos domestiques indigènes ne sont guère plus valides que nous — nos préparatifs de départ, et une fois dans la montagne nous serons sauvés (21). Mais que nos successeurs se défient de l'eau de Balkh : en vain nous l'avons bouillie et filtrée : le médecin indien qui vient de faire, juste à point pour nous, son apparition à Mazâr-é-Sharif est d'avis qu'il faudrait la distiller ! Telle sera notre recommandation suprême; car le moment est venu de dresser un rapide bilan de ce qui a été fait et de ce qui reste encore à faire tant au point de vue des fouilles qu'en ce qui concerne la prospection de la contrée, et enfin l'organisation matérielle de notre base d'opérations.

[LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES]. Résignons-nous donc à clore la première phase des

recherches de la Délégation française en Bactriane. Voici dix-huit mois que nous arrivions à Balkh. Quinze jours après, je vous adressais mon rapport préliminaire, véritable cri d'alarme que m'arrachaient mes premières constatations et surtout les deux pires d'entre elles, je veux dire la totale absence de pierre et le caractère destructeur du climat : je regrette infiniment de n'avoir rien

à changer aux avertissements que je m'étais hâté de vous envoyer. Toutes les descriptions comme toutes les photographies que je vous ai depuis adressées n'ont fait, hélas, que confirmer mes craintes, et j'en dirai autant des rapports où, comme c'était mon devoir de prospecteur, j'ai discuté avec vous nos chances de trouvailles. Nul n'aurait été plus heureux que moi de faire, après coup, amende honorable aux satrapes perses et aux dynastes grecs de Bactriane; mais l'acte d'accusation que par la force des choses j'ai été amené à dresser contre eux tient toujours. Ils ont manqué à leur plus élémentaire devoir envers nos sociétés savantes en négligeant de construire en marbre (ou tout au moins en cette pierre calcaire qui abonde à trois lieues d'ici, au pied de l'Elburz) des temples et des palais aux murailles dûment gravées d'inscriptions. Les condottières grecs surtout restent à nos yeux impardonnables : apparemment, pendant les deux siècles qu'ils ont possédé ce riche pays, ils n'ont jamais trouvé le temps que de battre monnaie — il est vrai, de fort belle monnaie — et de s'entr'égorger pour l'amour d'elle. J'ai dû toutefois vous faire remarquer, à la décharge des uns et des autres, que ni les données géographiques, ni le milieu ethnographique, ni les circonstances historiques, ni plus précisément encore la nature des matériaux disponibles sur place ou la qualité probable de la main-d'œuvre locale ne les invitaient à donner carrière au zèle architectural et au sens artistique que, sur la foi de leurs origines helléniques, nous leur faisions l'honneur d'attendre d'eux. C'est même là ce qui, pour ma part, m'inquiète le plus. Confrontés avec les réalités présentes, les renseignements que nous a légués l'antiquité (pour autant qu'il m'en souvienne) paraissent subir une sorte de mise au point qui réduit de la façon la plus sensible les possibilités de l'héritage escompté à la fois par la Science européenne... et par le Trésor afghan. Si vraiment il existe dans les imaginations une légende

15