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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0093 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 93 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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BACTRES : LES FOUILLES DE T6P-E-RUSTAM   83

renseignements s'accordent pour nous avertir que nos chances archéologiques sont des plus modestes : il faut croire que nous les avions mal lus. Que la Bactriane soit située aux confins des trois grandes civilisations originales de l'Asie, la gréco-perse, l'indienne et la chinoise, point de doute, et cela peut faire de loin un admirable sujet pour un mémoire académique : en fait, cela veut dire qu'elle est restée en marge de toutes trois. Du coup, notre pauvre mirage bactrien s'effiloche et se dissipe; il n'était que de le prendre à revers, en le regardant de l'Inde et non plus d'Europe. Et le plus déçu et dépité de tous devant la dispersion de ses derniers lambeaux, c'est encore celui qui vient de l'attaquer avec toutes les apparences d'un acharnement féroce, à savoir votre infortuné serviteur...

A cela rien à faire : car si j'ai pas mal battu la campagne autour de Balkh, je ne crois pas avoir tout à fait perdu le nord. Mais mieux vaut se trouver face à face avec la pire réalité que de se laisser égarer par les plus beaux mensonges du monde. Or, le visage de cette réalité, mes premières lettres vous l'ont tant bien que mal décrit, et vous le connaissez par les photographies. Les grands tertres énigmatiques sont toujours là et forment à présent comme un archipel d'îlots gris et pelés sur l'immensité reverdissante de la plaine. Là-dessous, peut-être, se cachent encore quelque part, recouverts par des entassements de briques modernes, quelques débris présentant un réel intérêt artistique ou historique, et datant soit de la grande prospérité commerciale de Bactres aux premiers siècles de notre ère, soit même de la période séleucide ou achéménide de son histoire. La seule chose dont nous puissions être sûrs, c'est que ces derniers vestiges, s'ils existent encore, ne se laisseront retrouver que sous des épaisseurs de terre considérables. Par ailleurs, cela ne nous avancerait à rien que de nous décourager et de passer notre temps à déplorer sur des modes élégiaques l'absence de la pierre ou celle du sable sec. Puisque les choses sont ainsi, c'est qu'elles ne pouvaient pas être autrement, comme aimait à répéter un de mes professeurs de philosophie. Résignons-nous donc d'avance, s'il le faut, d'accord avec votre stoïque consigne, à chercher sans trouver : mais commençons par chercher.

— Voilà, me direz-vous peut-être, la première phrase tout à fait raisonnable qui soit sortie de votre plume... Je suis absolument de cet avis, et c'est pourquoi je n'ai pas manqué de commencer les fouilles au plus tôt, en fait dès le lundi 28 janvier : seulement, elles sont en ce moment interrompues. Si vous voulez savoir pourquoi, ouvrez la traduction de Hivan-tsang par Stanislas Julien, à la page 24 du premier volume; vous y lirez : « A la fin de l'hiver et au commencement du printemps, il tombe des pluies continuelles... » (14). Il n'est que trop vrai; et je comprends que les vieux moines de jadis aient éprouvé le besoin d'accommoder à cette particularité de leur climat l'époque de leur retraite annuelle. Comme ici tout le monde se terre quand il pleut, forcément le chantier chôme, et c'est justement là ce qui me permet de vous écrire si longuement. Mais encore une fois, vous avez tout à fait raison, et je ne vous ai déjà que trop rebattu les oreilles de spéculations vaines. Assez vaticiné comme cela, d'autant que ce rôle ingrat de prophète de malheur n'a rien pour qu'on s'y complaise. Je vous promets de ne plus vous écrire désormais que pour vous communiquer des faits précis; et puisqu'à toutes les questions que nous nous sommes posées au sujet du « contenu » de Balkh, seule la pioche répondra péremptoirement, je lui passe la parole.

IV. [LES FOUILLES DE TÔP-É-RUSTAM.]

Balkh, le 3o mai 1924.

Je n'ai pas oublié ma promesse de faire trêve désormais aux spéculations oiseuses pour ne plus vous entretenir que de faits précis, ou tout au moins de théories déjà contrôlées par