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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0136 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 136 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

un bloc de la dimension souhaitée. Le fameux temple çivaïte du Kailâsa d'Ellora est resté le modèle en ce genre; et c'est ainsi que l'on a également voulu procéder à Haibâk pour doter le pays d'un grand stûpa monolithe.

Le parti de l'architecte une fois reconnu, toutes les particularités locales s'expliquent d'elles-mêmes (cf. fig. 32, I et pl. XXVII a et b). Et d'abord la sélection du site : le faîte de cette colline calcaire a été évidemment choisi tant à cause de sa situation dominante que de l'aspect homogène de sa contexture. Puis la méthode de travail : on a naturellement commencé l'édifice par en haut. Sagement, l'on n'a pas entrepris de renouveler sur une si grande échelle le tour de force réalisé dans quelques-uns des édicules de l'Inde et de découper dans la masse même le pinacle de parasols qui formait le couronnement obligé d'un stûpa : on s'est borné à creuser au centre du sommet le trou rond, profond de o m. 65 et large de o m. 6o, qui devait recevoir leur hampe de bois ou de métal. Autour on équarrit le harmika, sorte de pavillon d'environ 6 mètres de côté sur 2 m. 5o de hauteur, qui, aux yeux des générations postérieures, représente justement le « trône » du légendaire Rustam. Ceci fait, on aménagea, plus horizontale peut-être qu'il n'eût fallu, la plate-forme supérieure du dôme; après quoi on fit plonger assez brusquement ses contours, auxquels on 'projetait de donner plus de 8o mètres de circonférence, dans une tranchée circulaire déjà profonde de zo mètres et davantage. Du même coup, le monument s'enterrait dans le sein de la terre; mais le projet était évidemment, aussitôt sa hauteur définitive atteinte, d'abattre et de raser à l'alignement de son soubassement les parois verticales qui l'engoncent encore aujourd'hui; si bien que le stûpa serait finalement apparu (au prix de quel labeur !) complètement dégagé de toutes parts et posé sur le faîte de sa colline maternelle comme un campanile sur une coupole. En attendant, pour la commodité des travaux, on avait déjà pratiqué sur le côté Sud, le plus voisin de la face extérieure du versant, un tunnel d'accès qui permet encore aujourd'hui de pénétrer jusqu'au fond de la tranchée. A côté, des grottes avaient été aménagées de façon provisoire pour servir d'abri aux nombreux ouvriers que pareille entreprise requérait. Enfin, il est clair qu'on avait pleinement conscience de l'antinomie foncière qui existe entre la notion même du stûpa bouddhique et le parti architectural qu'on avait pris pour son exécution. Un reliquaire monolithe est en effet une contradiction dans les termes. Aussi avait-on déjà commencé à évider le harmika et à y creuser une chambre dont la porte s'ouvre du côté de l'Est. C'est la preuve que l'on projetait, soit d'enfermer là-haut les reliques, matérielles ou spirituelles, dont on disposait, soit de forer pour le même objet, au centre de l'édifice et à l'abri de l'édicule, un puits vertical que l'on eût bouché après coup... C'est à ce moment que, brusquement, les travaux furent suspendus pour ne plus jamais reprendre et les choses laissées en l'état où nous les voyons encore aujourd'hui; car l'ébauche est à l'épreuve du temps, tout comme l'eût été l'oeuvre achevée...

Pourquoi le stûpa de Haibâk ne fut-il jamais terminé ? Allâh le sait, et localement cette question ne tourmente personne. Mais l'insatiable autant que vaine curiosité des Européens réclamera sans doute le pourquoi de cet arrêt subit et définitif. Deux explications semblent à première vue les plus plausibles. L'une est que donateurs et maître de l'oeuvre auront été rebutés par la fissure qu'on peut encore voir aujourd'hui dans le rocher, soit qu'on craignît qu'elle ne compromît finalement la solidité de tout l'ouvrage; soit que le stûpa, n'étant plus sans défaut, ne parût plus digne des hommages des fidèles (telle était et telle est encore la règle pour les statues hindoues) ; soit enfin que ces fractures aient été causées par la foudre ou un tremblement de terre et considérées comme un veto du destin; car il va de soi que sur ce thème une fois donné on peut broder des variations à l'infini. Nous préférons pour notre part une autre hypothèse, peut-être à cause de sa couleur historique. Le procédé adopté pour l'exécution du stûpa assigne à ce dernier une