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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0094 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 94 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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84   L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

l'expérience. J'ai donc attendu, pour vous en rendre compte, que les fouilles du Tôp-é-Rustam, commencées le 28 janvier, se soient closes le 14 mai, et aient accumulé — à défaut d'autres trouvailles, hélas ! — une petite provision de constatations certaines et de dimensions exactes. Mais avant de vous bombarder de chiffres et de plans, peut-être me permettrez-vous encore une fois d'évoquer avec vous quelques souvenirs historiques : car nos excavations seraient en vérité un métier bien grossier ou un passe-temps bien frivole — simple besogne de terrassier ou pur divertissement de dilettante — si elles n'avaient pour but de démêler les quelques fils plus ou moins ténus qui relient encore le présent avec le passé.

[LE NAVA-VIHÂRA]. - Or donc, de tous les monuments bouddhiques de Balkh, celui dont les relations chinoises et arabes nous entretiennent le plus — pour ne pas dire le seul dont elles nous parlent — est sans contredit le « Couvent-Neuf ». « Neuf », il l'est resté de nom jusqu'après sa ruine définitive : quand le fut-il en réalité ? nous ne savons. A l'époque de la visite de Hivantsang, au début de l'an 63o de notre ère, il passait pour avoir été bâti « par un ancien roi du pays » sans toutefois qu'on allât jusqu'à l'attribuer à Kanishka. Par ailleurs (Hivan-tsang et Yi-tsing en sont d'accord), il appartenait au « Petit Véhicule », probablement à la secte des Sarvâstivâdin, et, seul de tous les établissements bouddhiques fondés au Nord de l'Hindûkush, il se glorifiait d'une succession ininterrompue de doctes professeurs (15). Bien que « Sorbonnard » moi-même, je dois avouer que son incontestable célébrité reposait sur d'autres causes, d'un caractère moins scolastique et plus populaire : il possédait une précieuse image du Buddha et trois reliques miraculeuses du Maître : une de ses dents, sa cuvette et son balai. Les offrandes des pèlerins admis à contempler avec les yeux de la foi la radieuse splendeur de ces trois merveilles étaient (nous ne l'ignorons pas en Europe) une source inépuisable de revenus : aussi, comprenons-nous ce que l'on raconte des richesses du couvent, et comment la protection spéciale de Vaiçravana, le dieu gardien du Nord, ne réussissait pas toujours à les défendre contre les coups de main des pillards nomades — ce que l'on appellerait aujourd'hui un châ/aul de Turcomans. Peu d'années après le passage de Hivan-tsang, dès 652 et de nouveau en 661, survenaient des incursions infiniment plus redoutables : les Arabes ne se bornèrent pas à dépouiller périodiquement la poule aux veufs d'or, ils l'anéantirent, non toutefois sans qu'elle ait eu le temps de faire sur eux une impression assez profonde pour qu'ils en aient gardé le souvenir.

Hivan-tsang, toujours soucieux de la propriété des termes dont il se sert, écrit correctement : Nava-sanghârâma ; les géographes arabes n'emploient plus que la désignation populaire de Nava-vihâra sous la forme : Nau-behâr ; mais il s'agit évidemment du même monastère. Que des écrivains tardifs aient voulu en faire un sanctuaire mazdéen, cela ne repose, à mon humble avis, que sur un malentendu. Il se pourrait même — ainsi que je le lis dans les notes que, pour remédier à notre déplorable disette de livres, vous avez eu la bonté de me faire envoyer par notre confrère de la Société asiatique, M. L. Bouvat — que ce malentendu fût volontaire et destiné à rattacher de façon plus étroite les fameux Barmécides au monde persan en faisant d'eux les descendants du Mobed-Mobedân (ou, comme nous dirions, de l'Archi-mage) qui était en résidence à Balkh sous les Sassanides. Dans le fondateur de cette illustre famille de vizirs, dont le nom nous est aussi familier que celui d'Hârûn-ar-Rashîd, je ne verrais nullement le dernier « grand prêtre » du Couvent-Neuf, ce qui n'aurait pas de sens dans le bouddhisme d'alors, mais bien plutôt quelque chose comme ce qu'est actuellement le mutavallî-bâshi ou « curateur en chef » des saintes tombes de Meshhed ou de Mazâr-é-Sharîf. On conçoit sans peine que l'administration d'un établissement religieux jouissant de revenus considérables, sur lesquels le trésor