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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0142 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 142 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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132   L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

recueilli aux côtés mêmes de l'Ajdahâ le dimanche 5 novembre 1922, est ce que nous appelons en sanskrit un mâhâtmya, c'est-à-dire une sorte de guide magnifiant à l'usage des pèlerins les vertus spirituelles du but de leur pieux voyage : seulement, il a été accommodé dans l'intervalle à la sauce islamique. Bien entendu, pas plus qu'Hazrat `Ali, le Buddha n'a jamais visité cet endroit : mais la légende en sait toujours plus long que l'histoire. L'auteur musulman de la version moderne — car, quoi qu'on en ait dit longtemps, les contes ont leurs auteurs responsables, encore qu'anonymes — a su fort habilement combiner pour l'édification des prosélytes indigènes trois éléments assez disparates, mais qui présentent tous des attaches régionales : 10 tout d'abord, en changeant seulement le nom du héros, les vieilles histoires que six ou sept siècles de Bouddhisme leur avaient rendues à tous familières et parmi lesquelles nous devons distinguer, d'une part, celles qui ont trait aux Nâgas ou dragons domptés de force, quoique moins sanguinairement, par le Buddha, tels que l'Apalâla des sources du Svât et le Gopala de la caverne de Nagarahâra — et d'autre part, celles qui content les prodiges de générosité jadis accomplis par le futur Buddha quand, au cours de ses existences antérieures, tant au Gandhâra qu'en Udiyâna et à Taxila, il donna tour à tour en aumône sa personne et sa tête, sans parler de ses yeux et de son sang; 2° une tradition locale relative au barrage du Band-é-Émîr, lequel n'est distant de l'Ajdahâ que d'une vingtaine de krur; 30 un choix de détails topographiques et de faits ethnographiques bien connus ou faciles à vérifier, et par suite propres à engendrer la foi dans les âmes les moins naïves. Nous n'en voulons pour preuve que l'adhésion aussi fervente qu'instantanée du cuisinier que nous avions amené avec nous de Perse. Il est vrai que, tout comme les bons Hazâreh, Maishadi Reza, natif de Shirâz, était shiite, et par suite aussi prêt à admettre d'avance tous les miracles mis au compte d'Hazrat `All que les anciens Bouddhistes pouvaient être inclinés à renchérir sur les perfections jadis possédées par leur Maître.

LA VILLE ET LES SANCTUAIRES BOUDDHIQUES. — Mais ne nous laissons pas trop attarder par ce qui n'est après tout qu'un simple rocher. En approchant de la partie médiane de la vallée nous ne tardons pas à apercevoir les vestiges de l'ancienne ville (cf. fig. 33). Elle nous a paru commencer à environ un kilomètre et demi avant d'arriver au Buddha de 53 mètres, à l'endroit où un fort ravin latéral souligne une sorte de promontoire, celui-là même auquel « elle s'adossait du côté du Nord ». Mais à son propos la traduction de M. P. Pelliot nous apporte une précision nouvelle autant qu'intéressante en nous apprenant qu'elle était à cheval non seulement sur la vieille route, mais encore sur les deux rives de la rivière : elle n'en apercevait que plus nettement « au Nord-Est » la fameuse falaise des grands Buddhas. Sur un autre point encore nous nous sentons désormais mieux éclairés. Dans l'existence opportune de cette falaise au seuil du passage le plus critique de la grande voie commerciale entre l'Inde et l'Occident, nous avons naturellement cherché (cf. supra, p. 26) le mot de l'énigme de Bâmyân. Il eût été fort étonnant que Hivantsang n'eût pas eu avant nous la même idée. La jugea-t-il quelque peu irrévérencieuse, et ses scrupules de conscience se reflètent-ils dans la rédaction embarrassée de sa phrase comme dans le flottement des traductions ? Il semble bien qu'il n'y ait qu'une manière d'entendre la version définitive que nous donne M. P. Pelliot : « Quand les marchands vont et viennent, les dieux célestes leur manifestent (là) des présages heureux; s'il est apparu des calamités démoniaques (les marchands) demandent (là) des mérites heureux. » Tour à tour le pèlerin examine en deux propositions balancées les deux cas-types qui peuvent se présenter : celui où tout présage aux marchands une bonne traversée des trois passes et, au contraire, celui où tout leur fait craindre d'avoir trois étapes difficiles ou même dangereuses à franchir : dans les deux cas le résultat est