国立情報学研究所 - ディジタル・シルクロード・プロジェクト
『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

> > > >
カラー New!IIIFカラー高解像度 白黒高解像度 PDF   日本語 English
0047 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 47 ページ(カラー画像)

New!引用情報

doi: 10.20676/00000237
引用形式選択: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR読み取り結果

 

L'ANTICHAMBRE DE L'INDE

37

LA FRONTIÈRE INDO-AFGHANE. - C'est en effet une question fort embrouillée et contestée que celle des limites Nord-Ouest de l'Inde. Il n'est pas douteux pour nous que les premiers Achéménides ne les aient repoussées bien au delà de l'Indus. Strabon nous assure qu'Alexandre les trouva ramenées sur le fleuve. Héritier du grand roi par droit de conquête, l'envahisseur macédonien eut tôt fait de les rétablir sur l'Hyphasis (Biâs). Vingt ans après, d'accord entre Séleukos et Candragupta, elles débordaient à leur tour vers l'Ouest et embrassaient la plus grande partie de l'Ariane. Ensuite, durant une longue période, les vagues successives d'invasion les balaient et les effacent. En définitive, c'est en annexant à leur principauté originelle de Kâbul leur empire indien que les Grands Moghols paraissent avoir fait ce que ni les Guptas ni Harsha n'avaient pu faire, à savoir rendre à l'Inde les frontières des Mauryas. Au xvIIIe siècle, l'invasion de Nâdir-Shâh et la fondation du présent royaume afghan par Ahmed-Shâh Durânî en détachent de nouveau le Panjâb. Au siècle dernier les Sikhs, plus heureux que les Mahrattes, le récupèrent et poussent leurs conquêtes jusqu'à y inclure la bande de territoire comprise entre les montagnes et la rive droite de l'Indus. C'est cette frontière que la domination anglaise, après avoir vainement tenté de l'élargir par la force, a essayé de stabiliser par d'autres moyens (2). Puisque de toute manière il nous faut la franchir, nous ne pouvons guère nous dispenser de définir dans leurs traits essentiels les problèmes qu'elle pose.

On a pu lire dans maint livre anglais que la « frontière scientifique » de l'Inde était la ligne de faîte de l'Hindûkush, et chacun a compris que ce formidable bastion était la frontière stratégique la plus sûre — à moins qu'on ne juge nécessaire de tenir également son fossé extérieur, à savoir l'Oxus. Une seconde ligne de démarcation naturelle (mais celle-ci, ce sont les Afghans qui en parlent) est dessinée par le lit du fleuve qui a donné son nom à l'Inde, c'est-à-dire l'Indus. Entre les deux sinue depuis 1893 une troisième ligne, à laquelle est resté attaché le nom de son principal négociateur, Sir Mortimer Durand, et dont les sinuosités ont pour but avoué de corn-mander toutes les passes qui conduisent à Kâbul, Ghaznî et Kandahâr. Cela fait déjà trois frontières : le moindre défaut de la troisième est qu'en fait elle laisse bien en arrière, du côté indien, la quatrième et la seule qui ne soit nulle part fictive, à savoir celle qu'en 1849 les Anglais ont héritée des Sikhs avec le reste du Panjâb et qui, en ce qui concerne notre route, s'arrête au pied du versant oriental des montagnes-bordières. Entre la frontière administrative, marquée sur les cartes de • districts, et la frontière politique, indiquée sur tous les atlas, s'étend sous le contrôle plus ou moins nominal du British Râj la zone montagneuse du Yaghistân, ainsi qu'on appelle le « Pays indépendant ». Les tribus qui l'occupent et que la race, la langue et la religion rattachent à l'Afghânistân, pourraient, dit-on, mobiliser plus de deux cent mille hommes aguerris et courageux : par bonne chance pour l'Inde, elles sont restées jusqu'à présent mal armées, toujours divisées entre elles, et presque aussi jalouses de leur indépendance à l'égard de l'Émir afghan que du Vice-Roi feranghî...

On l'a déjà deviné : ce bizarre état de choses nous reporte à l'époque « Victoria » quand la mode en diplomatie était aux « buffer-states » et, en architecture, aux « clock-towers » (et de fait Kâbul possède aussi sa tour à horloge comme vestige de ce temps). Non contents de vouloir imposer à l'Afghânistân le rôle d' « état-tampon » entre le Turkestân russe et l'Inde britannique, des fonctionnaires zélés ont ainsi imaginé d'interposer entre les provinces afghanes et les districts indiens la zone-tampon supplémentaire du Yaghistân. Expérience faite, ce plan mirifique n'a guère donné de satisfaction, ni même de répit à ses trop ingénieux inventeurs. Du côté britannique deux écoles continuèrent leur opposition traditionnelle. L'une, hostile à toute intervention inconsidérée, s'estimait satisfaite aussi longtemps que les tribus laissaient passer les caravanes sans les molester et s'abstenaient de piller les bâzârs des villages limitrophes. L'autre, celle de la