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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0089 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 89 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LE PRONOSTIC   79

le contraire qui serait fait pour nous surprendre. Pourtant, c'est sous la dynastie des Kushâns que, deux siècles plus tard, il a atteint le.faîte de sa prospérité matérielle. Sans doute il le devait à des raisons parfaitement étrangères à ses souverains comme à sa population, je veux dire au développement du commerce international sous l'influence de la paix romaine et à l'importance exceptionnelle du transit de la soie, dont le reste du monde était alors tributaire envers la Chine. Mais qu'il méritât ou non sa fortune, il l'eut, et par la même occasion connut une floraison d'art bouddhique dont nous avons au passage salué les restes. Toutefois, il ne faudrait pas attendre de ces temps singulièrement obscurs d'éclatantes oeuvres d'art, ni non plus fonder trop d'espoirs sur l'avènement des Sassanides. Même en admettant qu'Ardeshir, le fondateur de la dynastie, eût solidement rétabli sa suzeraineté sur la satrapie perdue (je crois me rappeler que cent ans plus tard, sous Shâpûr II, l'opération était à refaire), le répit accordé à cette malheureuse terre de Bactriane fut trop court pour permettre une complète restauration de sa vieille civilisation iranienne. Dès l'an 425, les terribles Hephthalites ou Huns blancs ont traversé à leur tour l'Oxus et engagé avec l'empire perse une lutte sans merci qui devait durer plus d'un siècle. Quand ce qui restait de Bactres est reconquis sur eux vers 532 par Khosrô Naushirvân, ce n'est qu'avec l'aide des Turcs et, semble-t-il, pour retomber aussitôt après entre les mains de ces derniers. Cent vingt ans plus tard, nouveau cataclysme : la ville est détruite par la première invasion musulmane. Sans doute elle fut, cette fois encore, reconstruite; et pas plus que nous n'avons consenti tout à l'heure à tirer la ligne après les Grecs, nous n'insisterons à présent pour la tirer avant les Arabes. Tout objet sorti des fouilles nous sera bon pour peu que s'y attache le moindre intérêt historique ou artistique. Mais la longue période musulmane, coupée en son milieu par l'affreuse et totale dévastation mongole de 1220, n'est tout de même pas celle qui vous intéresse le plus. Ce que vous voudriez retrouver par-dessous les débris superposés des Balkh Timouride, Seljoucide, Samanide, Abasside, •etc., ce n'est pas seulement la vieille cité sassano-kushâne, probablement sortie elle-même des cendres de la cité antique : c'est cette cité antique elle-même, celle d'Alexandre et des Achéménides, sinon celle de Zoroastre et de Vistaspe. Combien faible est la présomption que sous tant de ruines accumulées nous puissions jamais remettre au jour des vestiges vieux de plus de deux mille ans, vous le sentez assez vous-même. En tout cas une pareille bonne fortune ne saurait nous échoir qu'à la condition que ces vestiges fussent d'une solidité à toute épreuve pour avoir résisté à tant de destructions successives. Ainsi, peu à peu, le cercle de notre enquête se rétrécit et nous abordons enfin la question brûlante : Quelles raisons avons-nous de croire que, dans le milieu géographique et les circonstances historiques que nous venons d'esquisser, ait jadis fleuri à Bactres une architecture capable de braver les hommes et les siècles ?

[Y A-T-IL EU UN ART BACTRIEN ?]. - Il est temps en effet d'entrer dans le vif du problème, et — puisqu'en guise de témoins des civilisations disparues, c'est surtout (et pour cause) leur héritage artistique que nous recherchons — de supputer les chances de l'art dans l'antique Bactriane. Comment pourrais-je vous le dissimuler ? La vue de la situation actuelle me donne par avance le frisson (Io). Maintenant comme alors nous avons ici la même population mixte, semi-iranienne et semi-turcomane, livrée aux mêmes occupations surtout agricoles et pastorales et, pour une part, mercantiles. Les villes n'existent que par leur bâzâr, si bien que les citadins ne sont guère que des boutiquiers. Des mœurs hospitalières jointes, on ne sait trop comment, à un esprit de lucre des plus développés; mais une paresse et une apathie proverbiales, attribuées à l'été accablant et à l'air lourd de la plaine, dues sans doute aussi à la libéralité complaisante du sol. Nulle part aucune recherche, voire aucune notion du confort, encore moins du luxe; pas