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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0073 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 73 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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BACTRES : L'INVENTAIRE   63

produit que dans le cas de ces murs extraordinairement massifs, purs de tout mélange de bois, et demeurés à l'air libre. Il n'en faudrait pas conclure à la possibilité d'exhumer aucun véritable morceau d'architecture en pisé ou de sculpture en argile non cuite. Je crains bien que nous n'ayons pas davantage la ressource (déjà escomptée plus haut, en seconde ligne) de nous rabattre, à défaut de monuments historiques de premier ordre, sur des trouvailles mineures, pareilles à celles qu'ont fournies les fouilles du Turkestân chinois. Nous ne travaillerons pas ici dans du sable sec, mais dans une argile grise, vite durcie au soleil et que la moindre averse rend tenacement gluante. Les neiges de l'hiver, les pluies du printemps et, en toute saison, l'eau déversée par les innombrables canaux d'irrigation ne laissent pas grande chance de conservation, dans les terres où elles se sont infiltrées, aux meubles ou ustensiles de bois, aux étoffes, au cuir, et encore moins au papier. Même les objets en métal non précieux, comme par exemple les monnaies de cuivre, sont très fortement corrodés. L'or mis à part, pour retrouver quelque chose qui compte vraiment, il n'y aurait d'espoir que dans la pierre ; or, il n'y a pas de pierre, ou, s'il y en a, je puis vous assurer qu'elle se cache bien.

J'ai beau ruminer longuement ces mélancoliques pensées au cours de mes quotidiennes randonnées à travers les champs où fut Bactres, je ne vois pas que nous puissions échapper à l'action fatale des lois naturelles. Les peuples n'ont, après tout, que l'archéologie qu'ils méritent. Tout dépend, en dernière analyse, de la somme de travail, d'argent et de talent qu'ils ont jadis su dépenser au service de leur architecture et de sa décoration. Et c'est pourquoi j'en reviens toujours à la question de savoir si la proverbiale paresse des Balkhîs a de tout temps reculé devant l'effort d'apporter jusqu'à leur ville les pierres de la montagne voisine. Le nœud du problème me paraît être là. Que les gens de Bactres se soient contentés de bâtir en bois et en terre et n'aient eu que sur le tard recours à la brique cuite, il suffit, l'arrêt est sans appel : entre l'humidité constante et les incendies périodiques, le plus clair de leur passé aura irrémédiablement péri avec eux. Nul ne souhaite plus que moi qu'un aussi noir pronostic soit démenti par l'événement ; mais je vous dois toute ma pensée et je me sens obligé de vous avertir de ne pas fonder à l'avance trop d'espoir sur la boue de la Bactriane. A tout prendre, la puissante et inlassable fécondité de cette grasse terre ne crée pas des conditions favorables à l'archéologie dont les sables stériles, à défaut de collines rocheuses, sont le véritable terrain d'élection. Rien ne dure en ce pays et, à première vue, il ne semble pas qu'on ait jamais tenté d'y faire quelque chose de vraiment durable. Voulez-vous un exemple concret ? Au temps de la conquête grecque, l'incident le plus saillant qui se soit passé à Bactres est assurément la conspiration des pages contre la vie d'Alexandre. Peut-être nos hellénistes se promettaient-ils en leur for intérieur qu'après deux mille deux cent cinquante-cinq ans il nous serait donné de retrouver le tombeau d'Hermolaos et de ses complices, voire des renseignements certains sur la fin, si controversée, de Callisthène qui fut, vous vous en souvenez, impliqué dans le complot... Hélas, je n'arrive même pas à retrouver la sépulture du voyageur anglais Moorcroft, vieille de moins d'un siècle !

Balkh, le to février 1924.

II. [L'INVENTAIRE.]

Avez-vous excusé le noir accès de pessimisme sur lequel j'ai dû clore ma première lettre ? Comment y aurais-je échappé ? A premier examen, j'ai cru diagnostiquer dans le site de Bactres un vice congénital et quasi-rédhibitoire au point de vue archéologique, je veux dire l'absence totale de pierre de taille. Si ce diagnostic vient à être vérifié par l'autopsie des couches profondes,