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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0024 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 24 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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GÉOGRAPHIE DE LA ROUTE

rature. On y peut ajouter que rien n'est plus triste et nu que l'aspect hivernal de cette immense plaine. Mais ainsi que le pèlerin chinois Hivan-tsang l'a fait consigner dans sa Biographie : « C'est véritablement un pays privilégié (2). » Dès son entrée en Sogdiane, il avait également noté la violence des pluies qui tombent dans tout le bassin de l'Oxus à la fin de l'hiver et au début du printemps, et comment les moines bouddhiques de la région avaient dû prendre le parti d'observer leur retraite du varsha à une tout autre saison que dans l'Inde (3). Sur ces averses torrentielles repose la prospérité de toute la région que n'atteignent pas les canaux et qui sous leur action bienfaisante se recouvre de pâturages : elles manquèrent en 1924-25, et ce fut un désastre pour les troupeaux de moutons à fourrure des bergers turcomans. Leur effet ordinaire est de commencer par rendre la glèbe grasse des champs horriblement gluante et glissante : mais qu'un homme y promène la charrue légère du pays en même temps qu'un autre le suit pas à pas, jetant aussitôt la semence, et sans plus de travail ils obtiendront quelques mois plus tard une magnifique moisson de blé ou d'orge. La longueur d'un été qui, comme Bâbur le remarque dans ses Mémoires (4), paraît encore plus inexorablement chaud que celui de l'Inde — n'étant ni coupé, ni atténué par l'intermède de la mousson — favorise, d'autre part, la variété des cultures et la multiplicité des récoltes, à la seule condition d'irriguer les champs. Le coton, la canne à sucre, les légumes de toutes sortes réussissent à plaisir et la luzerne donne regains après regains. Nous avons même vu des plantations de melons succéder aux céréales jusque sur les pentes arides de la montagne. En même temps les vergers (surtout de mûriers, d'amandiers et d'abricotiers) et les vignobles donnent des fruits renommés. L'hiver y est trop dur pour l'oranger, mais le grenadier et le pistachier y résistent. La race des chevaux est de toute antiquité célèbre, et celle des chameaux à double bosse l'est à son tour devenue, car nos auteurs classiques en parlent peu (5). Les passages d'oiseaux migrateurs y sont très nombreux et, l'hiver, on y chasse à cheval le faisan qui, transi par le froid, s'arrête à la première remise. Bref, c'est une terre d'abondance et — trait non moins important et dont nous avons été jour àjour les témoins — où il en coûte un minimum de peine pour obtenir à foison tous les produits du sol.

Comme la fertilité de la plaine bactrienne dépend finalement de l'irrigation, la seule grande corvée annuelle, pour laquelle toute la population valide est mobilisée, consiste, sitôt le printemps venu, à curer les canaux régulièrement envasés par l'eau bourbeuse qu'ils déversent sans trêve. Il va de soi que cette eau ne saurait être distribuée également partout : et c'est ce qui produit le contraste signalé plus haut entre les diverses parties du pays. A l'Est de l'oasis de TâshQurghân, la route de Kunduz traverse sur 'Io kilomètres une région tout à fait désertique et, l'été, très redoutée des voyageurs qui doivent transporter leur eau avec eux dès que les dernières citernes sont taries ou par trop souillées. A l'Ouest même, en direction de Mazâr-é-Sharîf, il faut traverser par un col encore fort mal famé, le kotal d'Abdu, un éperon terreux, extrêmement érodé, qui barre tout l'horizon (6). C'est seulement après l'avoir franchi que la plaine devient mieux arrosée et plus fertile. On entre en effet dans le district auquel les dix-huit ramifications de la rivière de Balkh ont valu le nom de Hajdah-nahr. Quelques-unes de ces branches se prolongent vers l'Ouest jusqu'au delà d'Âqcheh et se déversent (ou du moins se déversaient) à partir de Nimlik dans des marécages remplis de roseaux géants panachés de noir (7). Ce n'est pas d'eau que manque en effet le pays, mais de bras. A la vérité, le gouvernement de Kâbul déporte en son Turkestân toutes les personnes jugées indésirables sur le versant de l'Inde — en quoi il ne sait pas si bien suivre l'exemple des Achéménides, qui, eux aussi, nous dit Hérodote (VI, 9) faisaient de la Bactriane un lieu de déportation pour les rebelles. Mais, outre ces nouveaux colons plus redoutés qu'aimés dans le pays, les Tâjiks sédentaires, héritiers naturels des paysans iraniens, les Uzbegs