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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0053 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 53 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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L'ANTICHAMBRE DE L'INDE

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lui fut loisible de s'entretenir en grec. Quant à la ville de Sir-Sukh, bâtie un peu plus tard par les nouveaux maîtres Kushâns de l'Inde du Nord, sa fondation doit être à peu près contemporaine' de celle de Purushapura. Il est permis de soupçonner que, parmi les raisons qui ont provoqué ce déplacement périodique des villes indiennes, des nécessités d'hygiène urbaine ne tenaient guère moins de place que les visées de prestige politique.

b) Viâ Purushapura. — Bien entendu c'est une troisième sorte de motifs, ceux-ci beaucoup plus édifiants, que la tradition nous donne pour la fondation de Peshâwar. A l'origine elle ne place rien moins qu'une prédiction du Buddha en personne; mais en même temps elle admet que la réalisation de la prophétie est due à un incident de chasse. Une divinité déguisée en pâtre serait apparue au roi Kanishka tout exprès pour lui révéler sur quel emplacement sa prédestination voulait qu'il bâtît « la plus haute pagode de l'Inde » : car dans la légende l'érection du sanctuaire précède celle de la ville, qui reste sous-entendue. Un autre aveu recueilli par Hivan-tsang et qui vaut aussi la peine d'être relevé concerne le caractère marécageux du site. Le bas-fond arrosé par les torrents qui descendent des montagnes des Âfrîdîs, et notamment par le Bara, a gardé jusqu'à nos jours ce même inconvénient, et nous savons qu'au xvie siècle Bâbur y chassait encore le tigre et le rhinocéros (8). Tout compte fait, il semble bien que ce fut un caprice royal qui décida de la création de Purushapura tout comme de Fatehpur-Sikri ou de Versailles. Il est curieux de remarquer que la même distance, ou peu s'en faut (de 20 à 3o kilomètres dans la direction du Sud-Ouest), sépare les trois villes nouvelles de leurs aînées respectives, Pushkarâvatî, Agra et Paris.

Quoi qu'il en soit, sitôt Purushapura devenu résidence royale — et ceci se passait au plus tôt à la fin du premier siècle de notre ère — il était de toute nécessité qu'une route directe le réunît à Kâpiçî et mît en communication rapide, pour la plus grande commodité de l'empereur indoscythe, sa capitale de printemps et d'automne avec sa capitale d'été (g). Bien entendu cette route restait celle même que nous avons décrite jusqu'à Dakka inclus; mais à partir de cet endroit il devenait désormais plus qu'inutile de s'imposer le détour de Pushkarâvatî et, du même coup, la double traversée de la grande rivière. Or, la longue, aride et sinueuse passe du Khaïber offrait justement et offre encore le chemin le plus court entre Dakka et Peshâwar. Naguère les Anglais, agissant d'après le principe que les pires braconniers font les meilleurs garde-chasse, avaient confié aux Âfrîdîs, contre une appréciable rémunération, le soin de tenir deux fois par semaine le passage libre pour les caravanes. Mais l'honnêteté tend décidément à disparaître de ce monde, même chez les brigands, et le contrat ne fut pas tenu. Après plusieurs expériences fâcheuses, le gouvernement de Simla a dû se décider à garder lui-même la passe à l'aide de ses régiments népâlais,

les Panjâbîs étant moins sûrs et les Pathâns ne l'étant plus du tout, si près de leurs collines natales. Il lui en a coûté fort cher de pousser de bout en bout à travers ces effroyables ravins, à côté de la

piste caravanière, une route carrossable, un railway et, en quatrième ressort, un câble téléfé-

rique. Le pis est que nous avons entendu du côté afghan les montagnards se vanter en riant — mais c'était pure hâblerie — qu'ils sauraient bien, le cas échéant, détruire les centaines d'ouvrages

d'art qu'ils avaient été grassement payés pour construire. En attendant il est doux pour le voya-

geur, pourvu qu'aucune panne fâcheuse ne le mette en contravention avec règlements et horaires, de retrouver sur route le dernier mot du confort moderne. De Dakka au fort de Jam-rûd la dis-

tance est un peu plus longue et le parcours non moins accidenté que de Dakka au fort de Michnî.

Un peu après avoir passé le dernier poste afghan et avant d'arriver au poste anglais de LandîKhâna (à 15 kilomètres de Dakka) une barrière de bambou, encadrée de fils barbelés, marque

la frontière juste sous l'écriteau, présentement devenu lettre morte, qui continue à interdire le passage à tout venant. Le kotal de Landî force à remonter à 1.030 mètres; au pied de la colline