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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0095 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 95 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES FOUILLES DE TÔP-E-RUSTAM   85

royal prélevait naturellement sa part, n'ait pu être laissée entre les mains d'un simple karmadâna ou intendant choisi parmi les « moines résidents » (vihâra-svâmin). J'inclinerais à croire que le gros fonctionnaire chargé de ce soin (et qui avait en même temps juridiction sur une étendue de sept parasanges, soit une quarantaine de kilomètres carrés) était un laïque, exactement comme les cinq membres de la commission officiellement constituée pour gérer méthodiquement les recettes des cinq reliques bouddhiques de Hadda, près de Jelâlâbâd : reportez-vous aux Mémoires de Fa-hien et de Hivan-tsang, vous y trouverez tous les détails de cette organisation pieusement fiscale, tarifs compris (16). Si nous devons, comme il semble, soupçonner sous le nom de « Barmek » l'abréviation déformée de quelque titre indien, je chercherais pour ma part non du côté d'un parâkrama qui, historiquement et linguistiquement, ne mène à rien, mais du côté de ces nava-karmika ou (comme disait notre xvue siècle) « surintendants des bâtiments royaux » dont l'inscription du fameux reliquaire de Kanishka nous atteste l'importance, puisque c'est le seul dignitaire qui soit nommé en même temps que le roi (17). Sommes-nous redevables à l'étonnante fortune des Barmek de Bactres des détails conservés dans les textes arabes sur le Naubehâr, apanage administratif de leur famille ? Toujours est-il que les termes de cette description, laquelle comporte un « dôme » (gumbad : le mot sert toujours ici à désigner un stûpa), entouré d'une enceinte (sans doute rectangulaire) et dans laquelle s'ouvraient sur la cour intérieure non moins de 36o cellules, s'applique parfaitement à un monastère bouddhique de style indien.

Où en voulé-je venir ? Vous le savez bien : s'il est une fondation religieuse dont nous aimerions à retrouver les vestiges, ce serait assurément celle-là. En apparence, rien de plus simple : si la tradition bouddhique est ici totalement perdue, il n'en est pas de même de la tradition musulmane, et l'on sait toujours que la grande porte qui s'ouvre dans la muraille méridionale de Balkh et que l'usage actuel désigne sous le nom de Darvâzâh-é-Bâbâ-Kôh, était jadis la porte de Naubehâr. Hivan-tsang, comme j'ai déjà eu l'occasion de vous l'écrire [supra, p. 69], donne sur le Nava-sanghârâma des renseignements topographiques plus explicites encore. Situé en dehors, comme de règle, et au Sud-Ouest de la cité, il avait au Nord un « stûpa haut de 200 pieds » et au Sud-Ouest, un vihâra près duquel se pressaient, comme des tombes dans un cimetière, « plusieurs centaines de petits stûpa » recouvrant les restes d'autant de saints arhat. Or, si nous sortons par la porte de Bâbâ-Xôh, nous traversons d'abord une zone toujours sacrée et remplie de zydrat avec leur ordinaire cortège de tombeaux, et nous ne tardons pas à rencontrer, debout de chaque côté de l'ancienne route de l'Inde, les deux grands tertres quasi indestructibles de Tôp-é-Rustam à droite (Ouest) et de Takht-é-Rustam à gauche (Est). Malheureusement, j'ai dû vous signaler que la situation respective des deux tumuli ne concorde nullement avec les indications du pèlerin, et que la destination primitive du Takht-é-Rustam demeure une énigme. Le pis est que nos yeux cherchent vainement par-dessus les murs et parmi les arbres des vergers environnants un autre grand tertre. Nous restons donc fort embarrassés, ayant sur les bras un site de trop et dont nous ne savons que faire, tandis que deux autres, dont nous avons impérieusement besoin, manquent à l'appel. Seul le Tôp-é-Rustam nous offrait une lueur d'espoir : dans quelle mesure cet espoir n'a pas été déçu, c'est ce qui me reste à vous dire, et je suis trop heureux de pouvoir tout de suite vous annoncer que le point essentiel me paraît acquis : nous avons bien affaire à un stûpa bouddhique.

[LE TÔP-É-RUSTAM]. — Il serait superflu de revenir sur les raisons additionnelles qui m'ont, dès le début, attiré vers ce monument. Son nom de tôp, sa forme arrondie, ses dimensions imposantes, enfin et surtout les briques cuites qui perçaient encore çà et là, à mi-côte, sous les éboulis