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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0072 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 72 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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62   L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

date fût-il !... Telle est la dernière constatation, à elle seule plus fâcheuse que toutes les autres ensemble, dont il me restait à vous faire part et à laquelle, depuis le début de cette lettre, mon affection s'ingénie à vous préparer de façon graduelle : car je devine quel retentissement pénible elle ne peut manquer d'éveiller dans votre esprit. Que mes photographies ne sont-elles assez bonnes et d'assez grand format ! Vous auriez énoncé vous-même cette remarque et (comme font dans nos vieux contes indiens les porteurs de mauvaises nouvelles désireux de sauver leur tête) je n'aurais plus eu qu'à m'écrier : « C'est vous qui l'avez dit ! » Mais non; c'est moi qui, en échange de la chance si enviée qui m'a été offerte de prospecter le site de Bactres, dois vous asséner cette annonce funeste, et du même coup me perdre à jamais dans l'opinion de vos confrères, mais non, je l'espère, dans la vôtre; car je compte sur votre coeur pour plaider ma cause auprès de vous et vous faire admettre sans trop de peine que je ne suis pour rien dans la grosse déception que Balkh menace de nous infliger. Ce n'est assurément pas ma faute si dans aucune ruine je n'ai vu pointer, parmi les briques modernes, la moindre pierre de taille. Par le fait, je n'en ai aperçu nulle part, sauf çà et là dans les cimetières musulmans et autour d'un bassin voisin de la Mosquée-Verte. Et en effet, à part quelques cailloux roulés (la terre des vieilles murailles contient par endroits beaucoup de ces petits galets), il n'existe absolument pas de pierre dans le profond humus alluvial sur lequel Bactres fut jadis bâti, et il ne paraît pas que ses habitants aient jamais envisagé sérieusement l'idée d'aller en prendre à io ou 12 kilomètres plus au Sud, dans les stratifications calcaires de la montagne. — C'est leur affaire, dira-t-on; sans doute, mais c'est aussi la nôtre, car s'ils n'ont pas pris la peine de construire en pierre, il ne subsiste rien qui vaille de leurs monuments et, du coup, voilà tout l'échafaudage de nos châteaux en Bactriane jeté par terre...

Vous m'excuserez de demeurer aujourd'hui sur cette constatation qui — si du moins les fouilles la confirment — ne présage rien de bon pour nos recherches. Ce n'est pas devant un expert comme vous que j'ai à en faire ressortir la gravité. Que nous sert, en effet, de savoir que des satrapes persans et des dynastes grecs ont eu ici leurs palais et même que, selon toute probabilité, ces palais se dressaient dans le Fort et sur la Citadelle, si, en fin de compte, ils n'étaient faits que de bois et de terre ? Il y a longtemps que les incendies et les intempéries en auront eu raison. Même les édifices les plus vastes, et en apparence les plus somptueux, s'ils ne sont bâtis qu'avec ces matériaux périssables, retournent purement et simplement au sol dont ils sont sortis ! Vous vous rappelez, par exemple, qu'à Persépolis, les murs du palais de Darius fer n'étaient faits que de briques crues ; aussi ont-ils complètement fondu à la pluie et au soleil. Rien ne subsiste aujourd'hui que les plinthes et les encadrements des portes et des fenêtres, parce que ces éléments étaient faits en pierre massive et magnifiquement polie. Imaginez qu'ils eussent été construits en bois : si artistement qu'on les eût sculptés, si richement qu'on les eût dorés, il y a longtemps qu'ils auraient, eux aussi, disparu, tombés en cendre ou en poudre, et il ne nous resterait absolument plus rien de la royale résidence du fils d'Hystaspès, pas même le plan. Si son père, comme on le croit communément, a bien été satrape de Bactriane (5), nous ne retrouverons de même quelque vestige de sa demeure, quelque luxueuse qu'elle ait pu être, qu'autant qu'il aura pris la peine et fait les frais d'employer la pierre (ou tout au moins la brique cuite) dans sa construction.

Mais, dira-t-on peut-être, il y a des climats dont s'accommodent fort bien le bois et la brique crue. — Tel n'est pas celui de Balkh. Assurément ici même, à côté de parties totalement désagrégées, des pans entiers de la plus vieille muraille de la ville, en briques séchées au soleil ou en simple terre battue, ont par endroits, défié les siècles ; mais ce hasard heureux ne s'est