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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0071 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 71 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LE DIAGNOSTIC   6i

et qui est l'héritière de la grand-rue de l'Inde, que l'on rencontre les monticules les plus nombreux, les amoncellements de débris les plus considérables, les deux ruines musulmanes les plus importantes [voir pl. V c et IX-X a et b]. Enfin, de même que dans un corps qui dépérit la vie se retire vers le coeur, c'est justement vers son centre que persiste à végéter, sur une longueur d'environ 200 mètres du Nord au Sud, un petit bâzâr de minable apparence et de plus mince ressource, qui ne présente quelque animation que les deux jours par semaine où se tient le marché, à savoir le mercredi et le dimanche. Immédiatement à l'Ouest de ce bâzâr, dans une sorte de Ghetto dont les murs aveugles, percés seulement de quatre portes, abritent une soixantaine de familles, vivote une colonie juive qui attribue son installation ici à Nâdir-Shâh, il y aura tantôt deux siècles. Ajoutez une dizaine de petits séraï à l'usage des voyageurs [pl. V d et IX-X c à g.], 30o masures dispersées çà et là dans les vergers, quelques mosquées de village et quantité de zydrat dont la plupart n'ont aucune prétention architecturale, et vous aurez tout Balkh.

— Fort bien, conclurez-vous : c'est justement à quoi il fallait s'attendre, car nous n'ignorions pas que le Balkh moderne n'est plus que le tombeau de l'ancien Bactres. Aussi bien (l'archéologue est sans pitié) cette circonstance est plutôt faite pour nous réjouir que pour nous attrister, étant de nature à faciliter nos fouilles que l'existence d'une cité encore prospère eût singulièrement gênées. Mais, votre description générale achevée, hâtons-nous d'en venir à celle des détails qui nous tiennent le plus au coeur, je veux dire les vestiges encore apparents de l'antique civilisation bactrienne...

— Hélas, je ne demanderais pas mieux; mais, de grâce, où sont ces vestiges ? Il y a quinze jours que je bats le pays à leur recherche et parcours vainement dans tous les sens cet immense cimetière de ruines (cimetière en bonne voie de se muer en jardin; car partout les plantations de mûriers, d'abricotiers et d'amandiers, dominés çà et là par de magnifiques platanes, empiètent graduellement sur les terrains vagues, et c'est le revenu de ces vergers qui retient quelques habitants en cet endroit réputé très malsain). J'ai beau faire, je ne revois encore et toujours que ce que je viens de vous décrire si imparfaitement : le sol rasé, bouleversé, bossué et tout encombré de briques modernes de l'Arg, du Fort, de la partie centrale et septentrionale de la ville, et partout alentour de hautes murailles de pisé dans lesquelles le temps a pratiqué de fantastiques découpures. Tous ces remparts déchiquetés, toutes ces tours croulantes, tous ces monticules ravinés, toutes ces lamentables jonchées de débris témoignent assurément d'une grandeur déchue et offrent au voyageur qui passe un spectacle assez émouvant; mais en dépit de l'ampleur de leurs proportions, de l'étrangeté de leurs silhouettes, des belles colorations que leur prête le soleil couchant, des glorieuses associations d'idées qu'elles éveillent, ce ne sont toujours là que des ruines terreuses, pauvres, rustiques, et (que le Génie du lieu me pardonne ce blasphème !) leur aspect misérable n'a rien d'encourageant pour le chercheur. Assurément, on garde l'impression de marcher sur de l'histoire, mais de l'histoire qui n'aurait été bâtie qu'à coup de matériaux sans valeur ni durée et qui se serait de nouveau plus qu'à demi confondue avec le sol originel...

[L'ABSENCE DE PIERRE]. - Je vois d'ici s'allonger la mine de nos amateurs parisiens et je crois les entendre qui reviennent à la charge : Eh quoi ! pas un fût ni un chapiteau achéménide ? Pas un fragment d'architrave grecque reposant encore sur deux colonnes ? Pas une arche sassanide restée debout ? Pas un élément d'architecture antique qui se profile sur l'horizon, annonciateur des découvertes futures, et qui relève quelque peu la monotonie de ces tertres nus ? — Non, rien de tout cela, et pis encore : pas même un bout de mur en pierres, de quelque