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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0103 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 103 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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  • LES FOUILLES DE TÔP-É-RUSTAM

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laisse reconnaître nettement pour une corne d'abaque, et que leurs dimensions plus grandes rapportent aux chapiteaux du soubassement. Enfin, en dégageant le redan Est de l'escalier Nord, nous avons mis à découvert trois gros blocs marqués d'une rainure sur leur face lisse [pl. XX e]. Ils gisaient à terre dans leur sens longitudinal, un peu en avant de la ligne de la muraille, évidemment à la place même où ils étaient tombés en se brisant dans leur chute. Il ne peut guère faire de doute que nous n'ayons là trois morceaux de l'ancien entablement massif de la terrasse. Au premier abord, je les avais pris pour des blocs de grès, dont ils ont l'apparence et la solidité. Quand j'ai dû y reconnaître des pierres de taille artificielles, votre coeur de philologue comprendra que j'aie tout de suite pensé à ce que nous dit Hivan-tsang de l'excellent ciment (vajra-lêpa, les Chinois ont traduit mot à mot : « stuc de diamant ») qui revêtait le stûpa situé au Nord du Couvent-Neuf. Mais il faut avouer du même coup que l'exceptionnelle dureté des rares débris conservés ne rendrait que plus difficilement explicable la disparition du reste, si le pillage méthodique de tous les matériaux utilisables ne se continuait sous nos yeux et si nous ne disposions, comme on va voir dans un instant, d'une raison encore plus topique.

Et voilà tout ce que j'ai à vous dire concernant les motifs décoratifs. Le résultat est maigre, me direz-vous; hâtons-nous de passer au chapitre des sculptures... A vos ordres, mon cher maître; mais je dois tout de suite vous avertir qu'il sera aussi court que le fameux chapitre des serpents dans la description de l'Islande, lequel ne s'ouvre que pour se fermer : et en effet, nous n'avons pas aperçu trace de bas-reliefs ni de statues. Nous avons bien eu au début un moment d'espoir. L'un de ces lingots de mortier dont je vous ai parlé tout à l'heure et qui avait été ramassé dans les déblais nous avait jetés sur une fausse piste. L'élargissement du sommet et le rétrécissement du col suggérait une tête humaine; et comme le désir est père de l'idée, nous eûmes tôt fait d'y voir la maquette d'une tête de Buddha dont la face, moulée et rapportée après coup selon l'usage, avait, dans l'espèce, disparu. De là à espérer retrouver un échantillon mieux conservé, il n'y avait qu'un pas ; mais il fallut bientôt déchanter, et les fouilles sont restées jusqu'au bout inexorables. Que l'on ait reculé devant l'idée d'orner des parois si hautes de grandes images adossées, passe encore : même au Gandhâra où l'imagerie est si profusément répandue, nous ne voyons pas que telle ait jamais été la coutume pour des tôp de pareilles dimensions. Mais en revanche, on entourait généralement ces derniers de nombre de petits sanctuaires, chapelles ou stûpa, dans ou sur lesquels pullulaient hauts-reliefs et statues. Aussi avons-nous pris soin de rechercher sur la face presque toujours la plus honorée, à savoir celle de l'Est, les édicules qui auraient pu faire cortège au monument géant. Nous avons ainsi enlevé tous les éboulis sur une largeur de plus de 15 mètres et une hauteur qui, par endroits, au voisinage de la muraille du soubassement, dépassait 3 mètres ; mais nous n'avons exhumé de cet épais linceul de terre aucun vestige des constructions satellites qu'il aurait pu largement recouvrir et conserver. Une tranchée poussée pour plus de sûreté à 2 mètres de profondeur (et ensuite recomblée) n'a non plus rencontré aucun reste de bâtisse. Dans ces conditions, notre dernière chance de trouver des sculptures s'envolait : et voilà pourquoi nous en sommes toujours à attendre ce chaînon qui serait si précieux entre les statues du Gandhâra et celles de l'Asie centrale, je veux dire notre premier spécimen de Buddha bactrien.

D'une si parfaite absence de toute idole on ne saurait, à notre avis, faire honneur au zèle iconoclaste des Arabes. On a beau s'atteler systématiquement à la destruction des images, si une fondation religieuse en est richement décorée, on en oublie toujours, et à tout le moins les morceaux restent. Devons-nous donc supposer que le stûpa, de décoration extrêmement sobre, s'est toujours dressé dans un splendide isolement ? Ou nos constatations viennent-elles se joindre