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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0036 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / 36 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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26   GÉOGRAPHIE DE LA DOUTE

longues oreilles, mais qui, pour se créer une originalité, a préféré se priver de ces appendices encombrants. Il faut dire que ces surfaces érodées se couvrent spontanément au printemps de pâturages parsemés de plants de hing (assa fetida), de rhubarbe et d'eremurus, voire de quelques fleurs vite séchées.

Aussitôt le pont de la rivière de Saighân franchi, un petit affluent qui descend tout droit de l'Hindûkush central offre au voyageur le corridor attendu qui le mènera sans trop de peine au sommet du Col d'Âq-robât, le plus élevé de la route (3.600 m.). De là-haut la vue est tragique; au Nord elle s'étend à l'infini sur un tumultueux océan de montagnes, de-ci de-là tacheté de blond par le soleil ou battu de noir par les orages; au Sud, l'horizon est barré net par les crêtes éternellement neigeuses du Kôh-é-Bâbâ. Le « Caravansérai-blanc » qui a donné son nom à la passe est situé, six cents mètres plus bas, sur le versant Sud, dans un des paysages les plus désolés qui soient au monde. Mais déjà nous sommes sauvés, car depuis Kâbul jusqu'à sa porte, à quelques accrocs près, la route était carrossable ; et si, par bonne chance, elle a été entretenue, elle l'est encore.

Nous aurons forcément à revenir (infra p. 132 et fig. 33) sur le paradoxe de Bâmyân (1o). Imaginez une mince commissure de l'écorce terrestre, dont la partie à la rigueur cultivable, dans les bas-fonds où circulent les eaux claires et froides du Surkh-âb, mesure à peine 15 kilomètres de long sur 2 ou 3 de large. Les chaînes formidables et nues de l'Hindûkush et du Kôh-é-Bâbâ, non contentes de l'enserrer au Nord et au Sud entre les falaises de conglomérat qui forment le rebord abrupt de leurs pentes terreuses et versicolores, l'isolent encore, à l'Est comme à l'Ouest, dans les retours rocheux de leurs contreforts. Son altitude de 2.455 mètres la condamne à de brefs étés et à de durs hivers, la prive de tout verger, ne lui accorde que de maigres et tardives moissons d'orge. Normalement, comme toutes ses pareilles de l'Hazârajât, elle n'aurait jamais dû contenir que quelques assemblages de ces huttes basses, à toit plat, aménagées dans les creux à même les glaises, où pendant la saison froide les paysans mongols se terrent avec leurs troupeaux de moutons — calorifère malodorant mais continu. Au printemps, on transporte sur les champs le fumier ainsi accumulé (et tout le pays s'en trouve parfumé, y compris les oeufs à la coque), cependant que les petites charrues s'empressent déjà, au bord même des neiges fondantes, d'assurer les approvisionnements pour l'hivernage prochain. Or le fond de la population de Bâmyân est bien constitué par des Hazâreh résignés d'avance à ce cycle saisonnier; mais ici, c'est dans des ruines encore imposantes d'habitations princières ou dans des grottes aux voûtes savamment équarries et aux parois peintes qu'ils avaient coutume de s'abriter, pêle-mêle avec leur bétail. Leur crasseuse et pouilleuse bonhomie voisinait sans vergogne avec les plus gigantesques statues rupestres qui soient au monde; car les deux colosses de Bâmyân laissent bien loin derrière eux ceux de l'Égypte et de la Chine. Bref ce coin déshérité et perdu au sein des « Montagnes Neigeuses » s'avère comme le site archéologique le plus impressionnant que possède l'Afghânistan. Un tel phénomène, contraire à toutes les lois naturelles, demeurerait mystérieux si l'explication ne sautait aux yeux en même temps que le miracle. Capitales et sanctuaires d'autrefois doivent évidemment leur naissance au passage de la grand-route de l'Inde. Le fait que Bâmyân se trouve à mi-chemin entre Bactres et Peshâwar, sa position au seuil ou au débouché des passes les plus dures, la facilité d'y accumuler des approvisionnements, les possibilités de ravitaillement et de réparations que son bâzâr offrait et offre encore aux caravanes en attendant qu'il meure de la concurrence de quelque route nouvelle, tout s'accordait pour y prolonger les haltes et en faire une étape particulièrement importante. Le caractère spécial de ses antiquités, hypogées et statues rupestres, est à son tour déterminé par la nature de ses formations géologiques. La « religion » engendrée dans les esprits des caravaniers et des marchands par la terreur de la montagne a fait