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0049 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 49 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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DE PARIS A KHOTAN.   21

d'entreprises grandioses, ils ont l'espérance et le désir illimités. Ils sont enclins comme les Américains aux exagérations de langage et aux hâbleries; lorsqu'ils ont fait quelque chose, ils aiment à sonner la fanfare pour proclamer urbi et orbi, en les grossissant, les progrès qu'ils ont accomplis. Mais ils ont l'esprit de suite, ils ne craignent point de bàtir trop grandement pour l'avenir, et`leur organisation politique les préserve de s'embourber dans le marécage des compétitions locales. Ils voient déjà leur sablonnière convertie en potager, les balles de coton s'empiler dans les gares du Transcaspien, de manière à désapprendre au coton d'Égypte et d'Amérique le chemin d'Odessa, assez de fil de soie sortir de leurs magnaneries pour habiller toutes les femmes de l'Empire, assez de vin remplir leurs cuves pour abreuver le peuple entier des orthodoxes. « La Russie, disait un tsar, est la sixième partie du monde. » Il faut qu'elle se suffise à elle-même, qu'elle né söit pas obligée de rien emprunter à l'étranger, •ni de recourir aux services de personne, qu'elle puisse å la rigueur se désintéresser du reste de l'univers. En attendant que le Turkestan permette aux Russes de s'affranchir, pour beaucoup de produits, de l'importation étrangère, ils essayent de se passer du travail étranger. Il est presque impossible de rien faire en Turkestan si l'on n'est sujet russe. Les Hindous, naguère établis dans les bazars de Boukhâra, de Samarkand ou. de Khokand, ont dű quitter la place. C'est une histoire qui remonte aux. premiers temps de la conquête que celle de l'Allemand ingénieux qui fit fortune en achetant les .entrailles de moutons que les musulmans laissaient perdre, et en les envoyant à Hambourg pour les transformer en cordes de violon. Depuis, plusieurs entreprises tentées par des étrangers ont échoué devant le mauvais.vouloir des Russes, dont la bonhomie excelle à éconduire et à décourager. Parmi les commerçants grands et petits, les industriels et les ouvriers, on rencontre, en dehors des indigènes, .un nombre considérable d'individus qui ne sont point des Russes proprement dits ; mais tous, ils sont sujets du tsar : Allemands des provinces baltiques, Tartares de Kazan, de Crimée et du Caucase, Arméniens, Géorgiens, Ossètes, Lesghiens, Tartares et