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0320 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 320 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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288   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

lieu de 18. Laissant le gros de la caravane, équipés å la légère, nous explorâmes le haut bassin de la rivière pendant cinq jours, du 26 au 30 avril. Les vallées sont étroitement resserrées entre de hautes montagnes abruptes, parfois à pic, dont les cimes rocheuses et dénudées semblent, tant leurs formes sont étranges et compliquées, avoir été sculptées par le caprice d'un artiste fantastique. Elles sont peuplées de grands ours que le printemps commençant faisait sortir de leurs tanières. Nous pénétrâmes jusqu'aux sources mêmes, dans la solitude des neiges éternelles, au pied d'une barrière infranchissable.

Reprenant la route le 2 mai, nous nous engageâmes le lendemain dans une gorge sombre et désolée par où nous atteignîmes en pateaugeant pitoyablement le sommet du Dzé la, un des cols les plus élevés du Tibet oriental (5,275 m.). C'est la source du Dzé tchou. On descend dans la vallée par une côte presque å pic, haute de 50 mètres où s'était amoncelée une masse énorme de neige. Les yaks étonnés hésitèrent un moment; puis, par une résolution soudaine, ils se précipitèrent en bas comme une avalanche, disparaissant dans l'épaisseur de la neige, grognant et soufflant bruyamment. On planta la tente un peu plus bas sur un sol spongieux qui, après quelques minutes de piétinement, fut transformé en marécage. On se leva le lendemain tout tremblants de froid et les jambes ankyl osées. On s'empressa de descendre la vallée qui devint bientôt moins sauvage et moins froide, mais toujours d'un pittoresque, saisissant avec la couleur rouge du terrain avivée par la verdure de l'herbe sur les pentes les moins escarpées, avec ses grandes masses de rochers nus et verticaux, semblables ů de puissants châteaux forts hauts de 500 mètres et davantage. La nécessité de prendre des observations, puis le mauvais temps, la brume et la neige, qui se mit à tomber, nous retinrent quelques jours au campement du 5 mai. Nous consolâmes notre inaction en chassant les oies sauvages qui abondent en ces lieux.

Le 10 mai, on fit halte au point où la route abandonne la vallée du Dzé tchou pour aller gagner le bassin du Yang-tzeu kiang et Gyé-rgoundo. Depuis le Dzé la, nous étions sur le territoire des Tibétains Ra-ki