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Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 | |
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1 |
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154 MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA. HAUTE ASIE.
rieurs aux Anglais, car tous les Français que j'ai vus jusqu'à présent ressemblent beaucoup plus aux Chinois que les Anglais. » Ce « tous »
était une expression abusive : j'étais, je pense, le premier de mon pays qu'il voyait. Il me demanda pourquoi nous avions des cravates de
diverses formes et de diverses couleurs, si ce n'était pas pour marquer le rang des fonctionnaires. Je lui appris que chez nous les fonctionnaires civils ne se distinguaient par aucun signe extérieur, qu'en se promenant sur le boulevard on pouvait rencontrer un ministre ou même un roi, habillé comme tout le monde, allant seul et ů pied parmi la foule. Il en fut aussi scandalisé que de la salade crue que nous mangions. Toutes ces étrangetés des peuples d'Occident réclamaient. une explication et pour la trouver il m'interrogea sur le climat de l'Europe. On sait que les Chinois ont inventé, plusieurs milliers d'années avant Montesquieu, la théorie de l'influence du climat sur le caractère des nations et des hommes ; il est vrai que dans l'idée qu'ils se font du foung choei (le vent et l'eau), il entre plus de superstition que de science. Quand mon interlocuteur sut qu'il y avait chez nous comme en Chine, quatre saisons et quatre vents, de la pluie et de la neige, le soleil le jour et la lune la nuit, des plaines et des montagnes, des rivières et des ruisseaux, (les champs cultivés et des arbres, il fut perplexe ; il ne saisissait pas la raison de tant de différences dans les moeurs et les coutumes. Enfin je lui dis que lorsque le soleil se levait à Pékin, il faisait encore nuit noire à Paris. Le front du brave homme s'éclaircit, il tenait son explication : l'Europe était le monde renversé. « Cepen-
dant, dit-il, comme, le dîner fini, il se lavait le visage avec le torchon commun, trempé dans l'eau chaude commune, vous ôtes des gens bien
élevés avec qui l'on peut causer agréablement, en amis. Vous n'êtes pas semblables aux barbares que j'administre. Au moins vous mangez (lu porc et buvez de l'eau-de-vie comme les honnêtes gens. »
Deux ou trois jours après mon arrivée, je reçus la visite d'un vieillard à l'air gai et riant qui semblait se savoir infiniment de gré d'être
au monde. Il m'informa qu'il avait réuni, à quelques lieues de la ville, dix-huit de ses chameaux, choisis parmi les meilleurs, tous également
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