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0409 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 409 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LA CI-TINE SEPTENTRIONALE.   377

souvent, était un homme de la plus aimable ignorance. Il me demanda de quelle merveilleuse pommade on enduisait les fils pour les rendre capables d'écrire à distance; il me confessa d'ailleurs qu'il n'entendait rien à l'office dont il était chargé, qu'il n'était là que pour toucher les six mille onces que la place rapportait, que le service était fait par de petits garçons, élevés par les Anglais et payés modiquement comme il ôtait juste. L'établissement du fil magique et des poteaux qui le soutiennent ne fut pas sans exciter quelque défiance de la part de la population. Une année ou deux auparavant, la sécheresse étant excessive et les cieux demeurant obstinément fermés, quoiqu'on eîit fait toutes les prières, toutes les incantations, toutes les cérémonies, toutes les processions, enfin tout ce qui était nécessaire pour amener la pluie, on se f►cha, l'émeute gronda et força le Vice-Roi d'arracher les poteaux ; il était clair en effet que, s'il ne pleuvait pas, la faute en était au génie (lu télégraphe qui contrariait les génies de l'air et de l'eau et que ceux-ci ne s'acquitteraient pas de leurs fonctions tant qu'ils ne seraient point débarrassés de ce nouveau et importun voisin.

L'esprit chinois est rempli (le superstitions de ce genre qui nous semblent ridicules et auxquelles pourtant le peuple entier est fortement attaché. Elles dérivent du vieux culte naturaliste des puissances mystérieuses et surhumaines du ciel, de la terre et de la lune, des fleuves et des monts, du vent et de la pluie, culte qui a formé la religion des Chinois en se combinant avec le culte domestique du foyer et des ancêtres, avec celui des héros, morts illustres qui ne sont pas honorés par leur seule famille, mais par toute une province, par une corporation, par l'Empire entier, comme par exemple Confucius, vénéré en Chine de la môme manière que Lycurgue l'était A Sparte. Cette

religion, analogue, dans ses traits généraux,   celle de l'ancienne
Grèce et de l'ancienne ßome, a toujours ses rites, ses sacrifices, ses formules, réglés par la loi de l'Empire, loi religieuse avant d'être civile, elle a ses ministres dans la personne des mandarins, pères du peuple, et des chefs de famille. Elle a nécessairement subi quelques altérations, mais elle régne encore puissamment sur les umes, d'autant plus que

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