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0252 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 252 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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220   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

élevé autant que fonctionnaire' timoré, il craignait plus de dépasser la mesure que de ne point l'atteindre. Mais il pouvait se repentir de sa faiblesse, réunir une escorte plus nombreuse qui lui per•rnît d'agir plus énergiquement ; pour parer cette éventualité, nous marchâmes rapidement toute la journée jusqu'a la nuit close (7 heures). Puis nous fîmes du feu et du thé en attendant le lever de la lune. Nous étions dans une large vallée assez peuplée, dont l'herbe courte était poudrée à blanc, à notre droite s'élevaient des montagnes neigeuses dans lesquelles une coupée semblait se dessiner près de notre bivouac. A 9 heures, la lune, qui était pleine, ayant émergé au-dessus des monts, nous profitâmes de sa clarté pour nous remettre en route, mais la pâleur de cette clarté, créatrice d'illusions et d'incertitudes, nous fit renoncer à franchir la passe que nous avions aperçue et nous continuâmes à suivre le pied des hauteurs. Nous n'avions presque pas mangé de la journée et la fatigue se fit bientôt sentir. Dans le froid, le silence et le bercement monotone des sonnailles, la torpeur nous envahissait ; les animaux laissaient leur tête plonger en avant par petits coups et la relevaient de temps à autre dans un brusque soubresaut lorsque leur pied heurtait une pierre ou s'enfonçait dans un creux; les hommes, peu capables de réaction, dormaient en marchant et menaient leurs bêtes dans les bas-fonds. Enfin, à trois heures du matin, nous jugeâmes que nous avions fait assez de chemin pour dérouter le lama et ses gens et nous campâmes dans la vallée de Pi sang, près de tentes indigènes.

Les Européens étaient inconnus en ces lieux. On nous prit pour des Mongols allant faire leurs dévotions au Lac Divin et à la Cité Sainte, et, it notre départ, après un court sommeil, nous filmes salués par de braves gens dont les préjugés et les craintes n'assombrissaient point la bonne humeur et le gai sourire ; car le Tibétain a en lui-même toute la gaîté qui manque à la nature qui l'entoure. A quelque distance de là, Dutreuil de Rhins entra sous une tente pour se chauffer les mains et boire une tasse de lait ; lorsqu'il sortit, une vieille femme s'empressa de l'aider ů mettre son manteau et lui tint l'étrier pour monter à cheval