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0074 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 74 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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46   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

Les musulmans particulièrement étaient bien disposés pour nous. Ils ont été trop longtemps' sous le joug de la Chine pour que les mollahs aient pu beaucoup développer chez cúx le fanatisme religieux ; surtout ils ont le caractère fort doux, l'âme naturellement bienveillante, et tout le mépris dont ils sont capables, ils le réservent pour les Chinois, d'abord parce que ce sont leurs maîtres, ensuite parce que Dieu les a dédaignés au point de ne leur envoyer ni un prophète ni un livre sacré, pas même la Bible ni l'Évangile. De nombreux services nous furent rendus par l'aksakâl, ou si l'on veut le syndic des marchands andidjanais, Abd Sattar, et par l'aksakâl des marchands afghans et kachrniriens, Akram Khân, afghan lui-même. Ils se chargèrent de bien des affaires que nous ne pouvions faire nous-mêmes. Sans doute leurs comptes ressemblaient å ceux de M. Fleurant ; mais ils étaient tous deux fort civils, et si aimables avec une barbe si respectable et des façons si obligeantes qu'on ne "louvait trop leur en vóulóir. Il ne faut pas du reste exiger des Asiatiques un certain genre de probité austère avec laquelle leur souple intelligence s'accommode mal. Là-bas l'honnête homme est trop souvent celui qui ne sait faire ni ses affaires ni celles de celui qui l'emploie. Préférez-lui donc l'habile homme, qui saura combiner ses intérêts avec les vôtres ; prenez garde seulement qu'il n'abonde pas trop dans. son propre sens.

Nous eûmes le plaisir de donner l'hospitalité, une hospitalité plus cordiale que confortable, à un de nos compatriotes, le voyageur Joseph Martin qui traînait l'aile et tirait le pied. Lui, non plus, ne devait pas revoir l'Europe. Pauvre Martin ! il avait traversé, presque seul, et au prix de combien de peines, de combien de luttes contre la nature et les hommes ! tout l'Empire chinois depuis Pékin jusqu'à Khotan. Sans ressources, malade dé fièvre et d'exaltation, aigri par les misères subies, s'en prenant à tous et à chacun de l'insuccès' de ses tentatives, se répandant en récriminations amères, il allait traîner encore quelques mois d'une vie lamentable et périr misérablement dans un hospice à

MarghéI n.

.Jusqu'il Khotan, le pays étant relativement très connu, nous n'avions