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Les documents chinois découverts par Aurel Stein dans les sables du Turkestan Oriental : vol.1 |
INTRODUCTION ix
En second lieu, à côté des fiches plates, écrites généralement sur une seule face, qui constituent la grande majorité de nos documents, nous trouvons des fiches prismatiques, le plus souvent triangulaires, qui sont inscrites tantôt sur leurs trois faces, tantôt seulement sur leurs deux faces antérieures 1; ces fiches prismatiques étaient ce qu'on appelle des :o, ; c'est la première fois que nous en voyons des spécimens. Une troisième constatation qui me paraît avoir aussi son intérêt est la suivante : jusqu'ici, on admettait que les fiches de l'antiquité chinoise devaient être écrites sur bambou, et il semblait que l'usage du bois ordinaire fût propre au Turkestan oriental ; or, parmi les fiches exhumées par M. Stein, il en est au moins une, le N° 206, qui paraît provenir de la capitale des Han occidentaux, Si-ngan fou; en effet, elle présente la mention usuelle : ` Le décret impérial est : Approuvé' ; or, cette formule ne peut émaner que de la chancellerie impériale. Il est donc possible que les actes de la chancellerie impériale, à l'époque des Han occidentaux, aient été rédigés sur bois, et non sur bambou. Enfin, il est remarquable que bon nombre de ces fiches sont écrites en caractères d'une extrême finesse ; cette délicatesse du trait n'a pu être obtenue qu'avec le pinceau ; il faut donc renoncer à admettre l'usage de plumes en bois qui auraient servi à tracer ces caractères ; si les plumes en bois ont été réellement en usage, elles ont dû être employées pour d'autres écritures que pour le chinois.
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Cherchons maintenant à montrer quels renseignements peuvent nous fournir les textes écrits sur ces fiches. En réalité, nous nous trouvons ici en présence de pièces d'archives ; ce sont pour la plupart des documents officiels concernant la vie journalière des petites garnisons cantonnées dans ces postes extrêmes de l'empire.
Les soldats de garnison ,';, comme on les appelait,2 sont souvent mentionnés dans l'histoire de Chine ; ainsi, le Ts'ien Han chou (chap. xciv, b, p. 3 v°) nous parle des soldats de garnison qui
gardent la barrière g v..; en un autre endroit (chap. xciv, b, p. 4 r°), on y expose les
dangers qu'il y aurait à supprimer les soldats de garnison et à diminuer le nombre de ceux qui
exercent la surveillance 3 g ,' 7 ! ` .
Quelques-unes de nos fiches indiquent d'une façon très précise l'origine des soldats qu'on envoyait dans ces postes lointains de l'Extrême-Ouest ; elles nous disent en effet à quel canton un homme appartenait, dans quelle sous-préfecture g se trouvait ce canton, et de quelle
commanderie dépendait cette sous-préfecture. Nous constatons ainsi que dans la localité
correspondant au groupe T. VI, et vers la date de 58 av. J.-C., il y avait cinq soldats originaires de la partie sud-ouest du Chan-si Ili lftj, voisine du Houant-ho (Nos 72-75, 77) ; un soldat était originaire du Sseu-tch`ouan (No 43) ; un autre était un homme du Ho-nan (N° 183) ; un autre enfin
venait de Touen-houang même g et avait donc été recruté sur place (No 62). Ainsi, la
majorité des hommes cantonnés dans l'endroit T. VI, vers le milieu du premier siècle avant notre ère, était formée de natifs du Chan-si sud-ouest. Dans les autres postes nous relevons trois soldats originaires des régions de K`ai fong fou bio eiou de Ho-nan fou rJ 1, dans le Ho-nan (Nos 416, 434, 456) deux soldats du sud-est du Chan-si (N° 550), neuf soldats provenant des commanderies de l'Extrême-Ouest (Nos 342, 392, 417, 574, 579, 580, 592). Les indications que nous possédons nous permettent donc d'établir que les soldats des garnisons de l'Ouest étaient,
1 Cf. les NOs I, 2, 137, 263, 316, 428, 451, 467, 504, 697•
2 Cf. les N0s 72-77, 392, 434, 456, 550, 551.
s L'expression l& nous est expliquée par le passage
de la Biographie de Hivan-tsang, où il est parlé des cinq tours
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de guette que dut successivement atteindre le pèlerin après être sorti de la frontière de Chine ; le biographe ajoute g; les gens chargés d'exercer la surveillance y demeurent ' (cf. Julien, Vie de Hiouen-thsang, p. 19).
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