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0023 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1 / Page 23 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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INTRODUCTION   IX

replacer dans leur cadre naturel, il faut donc les mettre dans la bouche de ces moines mendiants qui les répandaient en allant de porte en porte quêter leur nourriture.

De bon matin, le long des rivières du Siam, on voit glisser ici et là des barques minuscules dans chacune desquelles pagaie un moine bouddhique vêtu de jaune et le crâne tondu ; ces légers esquifs vont accoster de case en case au ras des pilotis ; des femmes qui les ont attendus élèvent alors leurs mains jointes en une grave salutation, puis, sans dire un mot, déposent dans le bol du religieux leur offrande ('1). Cette scène se répète à l'infini, inclinant l'un vers l'autre en un même acte de foi le mendiant et la donatrice. Ici se sont maintenus jusqu'à nos jours les rapports entre moines et laïques tels que nous les imaginons dans le Bouddhisme primitif. Pour comprendre quelles pensées inspirent les actes des uns et des autres, nous n'avons qu'à nous reporter à ces pages qui, dans la masse des écrits bouddhiques, sont l'élément le plus populaire, et peut-être le plus ancien, à ces contes et paraboles par lesquels la religion abaissait ses enseignements jusqu'aux humbles ; là nous apprendrons, par des exemples mémorables, . l'éminente dignité des saints personnages qui ont prononcé le vœu d'observer les défenses prescrites, et l'impérieuse obligation qu'a tout dévot de leur faire la charité, et les bénédictions inépuisables qu'on mérite en les honorant, et les châtiments terribles qu'on encourt en les méprisant. Inversement aussi, pour éprouver la force persuasive de ces vieux récits et leur attirante douceur, nous n'avons qu'à regarder les femmes qui font l'aumône aux petites barques des religieux sur les rives des fleuves siamois et qui sont encore toutes baignées dans l'atmosphère de la légende dorée où s'est complu l'esprit bouddhique; elles nous reportent à deux mille ans

(1) Cf, LUNET DE I,AJON(YUIERE, le Siam ei les Siamois, p. 113.