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0046 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1 / Page 46 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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CONTES BOUDDHIQUES (No 3)

bord de la mer se trouvait un royaume qui souffrait de la sécheresse; les gens y mouraient de faim et s'y entre-dévoraient. Le poisson dit en versant des larmes t « Cette multitude d'êtres vivants est fort tourmentée ; quelles ne sont pas ses souffrances! Cependant mon corps a de la chair sur une étendue de plusieurs li ; il pourrait subvenir aux besoins de ce peuple pendant dix jours ou un mois. » A ces mots, il mit en mouvement son corps et monta sur la rive de ce royaume ; tous les gens du pays entreprirent de le dévorer pour soutenir leur existence ; on emporta (le sa chair pendant plusieurs mois et le poisson vivait toujours (1).

Un dieu céleste descendit et lui dit : « Les souffrances que vous endurez sont-elles supportables ? Pourquoi ne renoncez-vous pas à la vie pour vous affranchir ainsi de ces tourments? » Le poisson répondit : « Si je mettais fin à mon existence, mon âme s'en irait et mon corps se pourrirait; par la suite, les gens du peuple seraient affamés et recommenceraient à s'entre-dévorer ; c'est ce que je ne puis supporter de voir et c'est de cela que mon coeur est ému. » Le deva reprit : « O Bodhisattva, vous avez en vous une bonté qu'il serait difficile d'égaler. » Le deva, pénétré d'émotion, ajouta : « Certainement vous deviendrez Buddha et vous sauverez de leurs souffrances tous les êtres vivants. » Or, un homme coupa avec une hache la tête du poisson qui mourut alors.

Son âme fut dirigée de manière à entrer dans la personne de l'héritier présomptif du roi ; dès sa naissance, ce prince eut l'intelligence d'un saint supérieur ; par les quatre sortes de bienfaisance (2) il exerça une vaste bienveillance; sa charité égalait le ciel et la terre ; il avait

(1) Cf. dans 1'Avadâna ataka (trad. Feer, pp. 114-116) l'histoire du roi Padmaka qui se change en poisson Rohita pour donner sa propre chair A manger aux hommes.

  1. D'après la mahâvyutpatti, c 35, les quatre bienfaisances sont : dânâ, libéralité; priyavâditâ, affabilité; arthaZaryâ, gouvernement bienfaisant; samânarthatâ, impartialité.