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0253 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1 / Page 253 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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CONTES BOUDDHIQUES (No 57)   219

rendit auprès de la corde (qui les enserrait) et, faisant. retomber (par-dessus cette corde) ses deux pieds de devant. Il dit : « Montez sur moi et sortez en bondissant; vous pouvez avoir ainsi la vie sauve. » La multitude des cerfs agit ainsi et tous purent échapper ; (quant au roi-cerf,) la chair de son corps était toute déchirée et le sang en coulait comme une eau courante ; gisant à terre, c'est à peine s'il respirait ; ses souffrances étaient inexprimables, les autres cerfs pleuraient et gémissaient ; ils rôdaient. dans le voisinage sans pouvoir s'éloigner.

Le roi des hommes apercevant le roi-cerf dont le corps était déchiré et dont le sang coulait en rougissant la terre et ne voyant pas la troupe des autres cerfs, dit : « Pourquoi êtes-vous dans cet état ? » Le roi-cerf répliqua : « Parce que ma conduite (dans une existence antérieure} n'avait pas été parfaite, j'ai reçu dans cette vie une forme d'animal; en recherchant des herbes délicates pour soutenir mon humble vie, j'ai violé le territoire de votre royaume ; mon châtiment doit donc être sévère. Quoique la chair de mon corps soit détruite, " mes deux hanches et mes cinq viscères existent encore au complet. Je désire que le chef de vos cuisines trouve là de quoi faire le repas d'une matinée. »

Le roi dit : « Pour quelle raison êtes-vous dans cet état? » Le roi-cerf lui expliqua toute l'affaire depuis le commencement jusqu'à la fin. Le roi des hommes en fut ému et versa des larmes à ce propos, puis il dit : « Quoique n'étant qu'un animal, vous portez en vous une bonté grande comme le ciel et la terre ; vous avez sacrifié votre vie pour sauver la multitude. Quant à moi, qui suis un souverain des. hommes, mon avidité fait que j'aime le meurtre et que je détruis les êtres doués de vie par le ciel. » Alors le roi promulgua un ordre dans lequel il avertissait son peuple que dorénavant les chasses cesseraient et qu'on ne devait plus désirer la chair des cerfs. On rompit les cordes (ser-