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0183 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1 / Page 183 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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CONTES BOUDDHIQUES (N° 41)   149

s'étant retirée, elle imagina une tromperie ; quand son mari revint, elle lui dit : « Que vous admiriez la sagesse de ce jeune homme, cela suffit à montrer que vous n'êtes guère sage vous-même. » Elle raconta toute l'histoire comme si le jeune homme eût été en faute, et, le mensonge de cette femme paraissant être la vérité, le brahmane y ajouta foi. Le maître dit à A-kiun : « Désirez-vous devenir un immortel ? » « Oui certes », répondit-il. Le maître reprit : « Quand vous aurez tué cent hommes et que vous leur aurez coupé les doigts, vous obtiendrez l'immortalité divine. »

Ayant reçu cet ordre, A-kiun prit une épée en main, et toutes les fois qu'il rencontrait un homme, il le tuait sur-le-champ ; il prit ainsi les doigts de quatre-vingt-dix-neuf hommes (4). Les gens s'enfuyaient et le royaume était terrifié. Apercevant sa propre mère, A-kiun dit : « Ma mère arrive pour que le nombre soit complet ; je vais maintenant être immortel. » Le Buddha fit alors cette réflexion : « Les doctrines hérétiques jettent la multitude dans l'erreur ; dans l'univers entier, les gens se conduisent de la même sorte que cet homme. » Il se changea en un çramana, qui se mit à marcher devant A-kiun. Celui-ci dit : « Mon compte d'hommes est complet. » Il le poursuivit, mais sans pouvoir l'atteindre, et lui dit : « Çramana, arrêtez-vous donc ! » L'autre lui répondit : « Je suis arrêté depuis longtemps ; c'est vous qui ne l'êtes pas. » A-kiun demanda : « Quel sens donnez-vous au terme : s'arrêter ? » Il répondit : «Tout ce qui est mal en moi, je l'ai arrêté, tandis que le mal qui est en vous est abondant. » Le coeur d'A-kiun s'ouvrit alors aussi soudainement que des nuages se dissipent; il se jeta à terre tout de son long, et, en frappant le sol de son front, il se repentit de ses fautes ; les mains jointes, il suivit le religieux qui l'emmena dans

(1) D'où le surnom d'Angulimâla qui lui fut donné.